Depuis la suspension des livraisons de gaz russe début janvier par Gazprom, les habitants de plusieurs villages moldaves connectés au réseau de la Transnistrie se trouvent dans une situation précaire. Cocieri, enclavé en territoire séparatiste mais administré par la Moldavie, illustre les défis auxquels fait face le pays pour diversifier ses sources d’énergie tout en maintenant des coûts abordables.
La situation est particulièrement tendue pour des résidents comme Valera Alexandru Sava, un vétéran de guerre. Dans sa maison, seuls le rez-de-chaussée est chauffé à l’aide d’un vieux poêle à bois. « Nous nous débrouillons, mais c’est difficile », explique-t-il, pointant la flambée des factures d’énergie ailleurs dans le pays comme un spectre inquiétant.
Un réseau énergétique hérité de l’ère soviétique
Les villages directement connectés au réseau transnistrien, comme Cocieri, dépendent encore largement des infrastructures datant de l’Union soviétique. Le gouvernement moldave s’efforce de relier ces zones isolées au réseau national. Ivan Mitcul, secrétaire de la mairie de Cocieri, souligne que l’installation d’un pipeline traversant le fleuve Dniestr représente un « investissement colossal », techniquement complexe et onéreux.
Cependant, cette initiative rencontre de fortes résistances locales. Dans la localité voisine de Copanca, les habitants ont manifesté contre les travaux de raccordement, redoutant les coûts associés à l’électricité fournie par la Roumanie, partenaire principal de la Moldavie pour pallier la crise.
L’impact social et économique de la crise
Les coupures d’électricité et de chauffage perturbent gravement la vie quotidienne. À Varnita, où les rues plongées dans le noir rappellent un retour à l’âge de pierre, des commerces fonctionnent à la lumière de téléphones portables. Valentina Gora, vendeuse de pain, exprime un désarroi partagé : « Nous voulons rejoindre l’Europe, mais pas à ce prix. »
La crise met également en lumière les fractures sociales et géopolitiques qui tiraillent la Moldavie. Tandis que les autorités accusent Moscou de déstabilisation, les habitants des zones touchées, eux, cherchent des solutions concrètes, indépendamment des considérations politiques.
Un avenir énergétique incertain
Le gouvernement moldave, dirigé par la présidente pro-européenne Maia Sandu, a diversifié ses importations, mais ces efforts ont entraîné un doublement des factures pour les ménages. Malgré les critiques, des officiels comme le vice-Premier ministre Oleg Serebrian insistent sur la nécessité de sortir de la dépendance au gaz russe.
Cependant, pour de nombreux Moldaves, ce tournant énergétique reste synonyme de sacrifices. Sergiu Sava, officier de sécurité, résume le sentiment général : « Mieux vaut être sans gaz et lumière que d’être en guerre. Mais combien de temps pouvons-nous tenir ? »