Le géant russe Gazprom a confirmé l’interruption totale de ses livraisons de gaz à la Moldavie à partir du 1er janvier 2025. Cette décision, annoncée dans un communiqué officiel, repose sur un différend financier de longue date entre Moscou et Chisinau. Gazprom réclame une dette de 700 millions de dollars, un montant que la Moldavie conteste vivement.
Un conflit énergétique et financier
Ce litige trouve son origine dans la relation historique entre la Moldavie et Gazprom, dont la filiale locale, Moldovagaz, est détenue à 50 % par le groupe russe. Après une augmentation brutale des tarifs en 2021, Gazprom a exigé un règlement immédiat, mais les autorités moldaves ont commandé un audit indépendant. Les conclusions des cabinets occidentaux missionnés estiment la dette à seulement 8,6 millions de dollars.
Pour Gazprom, ce refus de paiement justifie la suspension des livraisons. Dans son communiqué, le groupe souligne qu’il se réserve le droit de mettre fin définitivement au contrat avec la Moldavie si la situation n’évolue pas.
La réponse de Chisinau
Face à cette coupure imminente, la Moldavie accuse Moscou de manipulation politique. Le Premier ministre Dorin Recean a dénoncé une « tactique d’oppression » et a affirmé que son pays est prêt à diversifier ses approvisionnements énergétiques. Des mesures d’urgence, comme la limitation de l’éclairage public et la réorganisation des heures de production industrielle, ont été mises en place pour réduire la consommation.
Malgré l’arrêt des livraisons de gaz, la région séparatiste prorusse de Transdnistrie continue d’être approvisionnée. Sa centrale thermique fournit environ 30 % de l’électricité utilisée par l’ensemble du pays, assurant un minimum de stabilité.
Un enjeu politique et géopolitique
Cette crise énergétique survient alors que la Moldavie renforce son orientation pro-européenne, confirmée par la réélection de Maia Sandu à la présidence. Sa victoire, assombrie par des accusations d’ingérence russe, reflète un changement d’alignement stratégique qui n’est pas sans conséquences sur les relations bilatérales avec Moscou.
Par ailleurs, cette suspension intervient dans un contexte où d’autres pays de l’Est européen, comme la Slovaquie et la Hongrie, sont également sous pression en raison des tensions énergétiques avec la Russie. L’Ukraine a annoncé qu’elle ne renouvellerait pas son contrat de transit gazier avec Moscou, ajoutant à l’incertitude pour les États voisins.