La Moldavie a annoncé l’instauration d’un état d’urgence à partir du 16 décembre 2024, une décision prise en anticipation d’une interruption des livraisons de gaz russe vers la région séparatiste de Transdniestrie. Cette mesure, validée par 56 des 101 députés du Parlement moldave, s’étendra sur une durée initiale de 60 jours et vise à renforcer la capacité du gouvernement à réagir rapidement aux crises énergétiques potentielles.
Le gouvernement moldave a justifié cette initiative en évoquant une insuffisance critique des ressources énergétiques, mettant directement en danger la sécurité de l’État et de ses citoyens. Selon un communiqué officiel, cette situation pourrait conduire à une crise humanitaire si des solutions rapides ne sont pas mises en œuvre. Le Premier ministre Dorin Recean a affirmé que cette action vise à réduire la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie.
Un objectif à long terme : la sécurité énergétique
Dorin Recean a déclaré que cet hiver devait être le dernier durant lequel la Moldavie serait vulnérable au « chantage énergétique » exercé par le Kremlin. Il a évoqué les progrès réalisés dans la construction d’une ligne à haute tension reliant la capitale, Chisinau, à la Roumanie. Ce projet devrait permettre à la Moldavie de diversifier son approvisionnement en électricité et de réduire sa dépendance à la centrale thermique de Cuciurgan, située en Transdniestrie et alimentée majoritairement par du gaz russe.
La diversification des sources d’approvisionnement constitue une priorité pour cette ancienne république soviétique de 2,6 millions d’habitants, qui aspire à intégrer l’Union européenne. Sous l’égide de la présidente Maia Sandu, la Moldavie a déjà amorcé cette transition, bien que sa dépendance à certaines infrastructures héritées de l’ère soviétique demeure un défi important.
Le rôle de Gazprom et les tensions avec la Russie
Le géant russe Gazprom, principal fournisseur de gaz, exige de la Moldavie le paiement d’une dette estimée à 700 millions de dollars (667 millions d’euros). Cette somme, contestée par Chisinau, résulte d’une hausse brutale des tarifs imposée par Moscou en 2021, avant même le début de l’invasion russe en Ukraine. Le Kremlin, de son côté, utilise cette dette comme levier pour maintenir son influence sur la Moldavie et la région séparatiste de Transdniestrie, où il dispose de troupes et d’intérêts stratégiques.
Le ministre moldave de l’Énergie, Victor Parlicov, a été limogé récemment, critiqué pour sa gestion de la crise énergétique. Le Premier ministre Recean, cependant, reste optimiste, estimant que Gazprom pourrait remplir ses obligations contractuelles jusqu’en 2026 en utilisant d’autres itinéraires pour acheminer le gaz. Cette perspective pourrait limiter les conséquences immédiates des décisions prises par Kiev de ne pas renouveler son contrat de transit avec la Russie.
Un contexte régional complexe
La Moldavie est confrontée à des défis croissants liés à sa position géopolitique. Les tensions en Transdniestrie, une région sous influence russe, amplifient les pressions sur le gouvernement pro-européen. La Russie continue d’exercer une influence dans cette région grâce à son contrôle sur l’approvisionnement énergétique et sa capacité à déstabiliser les institutions moldaves.
En dépit de ces obstacles, les autorités moldaves avancent dans leur stratégie d’intégration européenne. Les infrastructures en cours de développement avec la Roumanie et d’autres partenaires européens pourraient marquer un tournant décisif pour le pays dans sa quête d’indépendance énergétique.