Le projet d’interconnexion électrique de 400 000 volts entre Bordeaux, en France, et Bilbao, en Espagne, soulève une forte opposition sur le terrain. Porté par Réseau de Transport d’Électricité (RTE) et Red Eléctrica, ce chantier stratégique, d’un coût total de 3 milliards d’euros, vise à renforcer les échanges d’énergie entre les deux pays dans le cadre des objectifs climatiques européens. Cependant, dans les Landes, la contestation ne faiblit pas.
Un tracé qui divise
Prévu pour s’étendre sur 400 kilomètres, le tracé de cette ligne traverse des zones naturelles sensibles et des territoires habités. Pour éviter le canyon sous-marin du Gouf de Capbreton, infranchissable avec ses 4 500 mètres de profondeur, le projet prévoit d’enterrer les câbles à travers cinq communes landaises, notamment Hossegor et Capbreton. Ce choix, destiné à minimiser les impacts paysagers, ne satisfait pas les opposants, qui militent pour une alternative longeant l’autoroute A63.
Lundi, une vingtaine de militants se sont réunis pour bloquer les travaux en cours à Hossegor. Certains se sont installés dans des arbres pour ralentir l’avancement du chantier, s’inspirant des méthodes de mobilisation utilisées contre l’autoroute A69 en Occitanie. Parmi eux, « Kiwi », un militant de 32 ans, qualifie le projet de « déni démocratique », dénonçant une absence d’écoute malgré l’opposition exprimée lors de l’enquête publique menée entre 2021 et 2022.
Des enjeux énergétiques majeurs
Pour les autorités, cette interconnexion est essentielle pour intégrer davantage d’énergies renouvelables dans les réseaux électriques européens et pour répondre aux objectifs climatiques. La préfecture des Landes insiste sur le fait que l’enfouissement des câbles vise à limiter autant que possible les impacts sur les paysages et les écosystèmes locaux.
Malgré ces garanties, les associations locales et les habitants dénoncent un projet qu’ils jugent écologiquement destructeur. Dans une lettre ouverte adressée à la préfecture et au Premier ministre François Bayrou, le collectif d’opposants réclame un moratoire immédiat, qualifiant les travaux d’ »écocidaires ».
Une mobilisation qui gagne en visibilité
Le mouvement d’opposition, bien que numériquement limité, attire une attention croissante grâce au soutien des associations environnementales et à des actions médiatiques ciblées. Les militants, surnommés « écureuils », occupent les zones concernées par les travaux pour ralentir leur progression. Ce bras de fer, désormais bien ancré, pourrait encore s’intensifier à mesure que le chantier avance.
Interrogés par la presse, ni RTE ni Red Eléctrica n’ont souhaité répondre aux revendications des opposants. La poursuite de ces travaux semble toutefois déterminée, malgré l’hostilité locale croissante.