La cour administrative d’appel de Nancy a annulé les autorisations préfectorales permettant la construction d’un vaste parc éolien terrestre dans les Ardennes, porté par EDF Renouvelables et Renner Energies. Cette décision intervient après la saisine d’un collectif de riverains dénonçant les impacts paysagers du projet prévu au nord de Reims, sur un plateau faiblement boisé composé de terres agricoles. La juridiction a considéré que la concentration d’éoliennes existantes dans un rayon de 10 kilomètres entraînait un phénomène de saturation visuelle, jugé excessif.
Un projet de longue date stoppé net
Lancé il y a plus de deux décennies, le projet, baptisé Mont des Quatre Faux, devait comprendre 63 éoliennes réparties sur huit communes des Ardennes : Bignicourt, Cauroy, Hauviné, Juniville, Neuville-en-Tourne-à-Fuy, Mont-Saint-Rémy et Ville-sur-Retourne. Avec une capacité totale de 226 mégawatts, il visait une production équivalente à la consommation électrique annuelle de 250 000 habitants, ce qui en aurait fait l’un des plus importants parcs éoliens terrestres de France.
La cour a jugé que l’arrêté préfectoral de juin 2017, qui accordait une autorisation unique valant permis de construire, était entaché d’irrégularités, bien que certaines lacunes pointées en première instance aient été régularisées. Elle a aussi estimé que ni le relief du site, ni la végétation, ni les mesures de réduction proposées ne suffisaient à atténuer l’effet d’encerclement ressenti par les habitants.
Conséquences juridiques et perspectives d’appel
Le recours initial des riverains avait été rejeté en 2020 par le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne. Cette nouvelle décision en appel marque un tournant pour le projet. La cour souligne que les atteintes portées aux paysages ne sont pas aisément régularisables sans modifications majeures du plan initial, évoquant la nécessité d’une nouvelle étude d’impact environnemental pour toute relance du chantier.
EDF Renouvelables a confirmé avoir pris connaissance de la décision et indiqué que l’équipe projet analyserait l’ensemble des éléments avant de se prononcer sur un éventuel pourvoi devant le Conseil d’État. Les promoteurs disposent d’un délai de deux mois pour exercer un recours.