Le gouvernement militaire nigérien a formellement nié toute accusation de vol d’uranium après l’ouverture d’une enquête à Paris pour vol en bande organisée sur le site minier de la Somaïr, auparavant exploité par Orano. Cette réaction intervient dans un contexte de rupture diplomatique croissante entre Niamey et Paris, quelques mois après la nationalisation du site d’Arlit, dans le nord du pays.
Nationalisation et rupture avec Orano
En juin, la junte militaire issue du coup d’État de juillet 2023 a annoncé la nationalisation de la Société des mines de l’Aïr (Somaïr), détenue jusque-là à 63,4 % par Orano et à 36,6 % par l’État nigérien. Ce changement de statut a été suivi par l’annonce de la mise en vente sur le marché international de l’uranium extrait du site. À la fin du mois de novembre, Orano a signalé que du minerai avait quitté le site sans autorisation, déclenchant une enquête ouverte mi-décembre par le parquet de Paris.
Accusations croisées sur la gestion des ressources
Face aux soupçons exprimés par la justice française, le colonel Ousmane Abarchi, ministre nigérien des Mines, a déclaré que « la République du Niger rejette avec la plus grande fermeté toute rhétorique, assimilant à un vol l’exercice de sa souveraineté sur une ressource nationale ». Le ministre de la Justice, Alio Daouda, a, quant à lui, accusé Orano d’avoir abandonné des dettes impayées de 58 milliards de francs CFA et d’avoir « toujours minoré la teneur de l’uranium » extrait au Niger.
Litiges juridiques et changement d’orientation géopolitique
Orano a lancé plusieurs procédures d’arbitrage international contre le Niger après la perte de contrôle de ses trois actifs miniers : Somaïr, Cominak (fermée depuis 2021) et le gisement d’Imouraren. Fin septembre, l’entreprise a obtenu gain de cause dans un premier jugement arbitral concernant la Somaïr. Le tribunal saisi aurait interdit au Niger de vendre les 1 300 tonnes de concentré d’uranium encore présentes sur le site, évaluées à environ €250mn ($283mn).
Le Niger, qui représentait 4,7 % de la production mondiale d’uranium naturel en 2021 selon l’Agence d’approvisionnement d’Euratom (ESA), a affirmé vouloir diversifier ses partenariats miniers. Des contacts ont été établis avec la Russie et l’Iran, deux pays ayant exprimé leur intérêt pour l’exploitation des ressources nigériennes.