La société publique hongroise MVM CEEnergy a signé un contrat de dix ans avec Engie Energy Marketing Singapore pour la livraison annuelle de 400 millions de mètres cubes de gaz naturel liquéfié (GNL) entre 2028 et 2038. L’annonce a été faite par le ministre hongrois des Affaires étrangères et du Commerce, Péter Szijjarto, soulignant une nouvelle orientation de la politique énergétique hongroise.
Ce volume représente environ 4,5% de la consommation annuelle de gaz en Hongrie, qui s’élevait à 8,5 milliards de mètres cubes en 2023. Le contrat prévoit l’acheminement cumulé de quatre milliards de mètres cubes sur une décennie, en provenance des infrastructures gazières utilisées par Engie à l’international.
Diversification partielle malgré la dépendance russe
En dépit du faible pourcentage que représente cet accord dans le bouquet gazier du pays, le gouvernement hongrois y voit une avancée stratégique. Péter Szijjarto a déclaré que ce contrat constituait « une étape importante pour la sécurité énergétique de la Hongrie », réitérant la volonté de Budapest de diversifier ses sources sans rompre pour autant avec ses liens énergétiques historiques avec Moscou.
Selon les données les plus récentes, la Hongrie a importé environ 7,8 milliards de mètres cubes de gaz entre octobre 2023 et septembre 2024, dont une part significative en provenance de la Russie. La position hongroise diverge ainsi des objectifs fixés à l’échelle européenne.
Une signature qui intervient dans un contexte géopolitique tendu
La signature de l’accord intervient alors que la Commission européenne a annoncé son intention d’éliminer progressivement les importations de gaz russe d’ici fin 2027. Bruxelles souhaite interdire tout nouveau contrat dès cette année, avec une extinction totale planifiée des flux existants dans les deux ans.
En 2024, la Russie représentait encore 19% des importations gazières de l’Union européenne, incluant à la fois du gaz acheminé par gazoduc et du GNL. Engie, qui possède des contrats d’approvisionnement de long terme notamment en Algérie et aux États-Unis, a indiqué que ce nouvel accord « aide la Hongrie et la région à diversifier leurs sources d’approvisionnement ».
Une évolution encadrée par des pressions transatlantiques
Le contexte transatlantique ajoute une dimension politique à la transaction. Le président américain Donald Trump a exprimé sa volonté de renforcer les sanctions économiques contre la Russie, conditionnant cependant son soutien à une réduction significative des achats européens d’hydrocarbures russes.
La Hongrie, tout en multipliant les initiatives de diversification, n’a pas remis en cause ses contrats actuels avec la Russie, justifiant cette position par des considérations de stabilité économique et de coût. Le contrat avec Engie pourrait ainsi servir de levier diplomatique, sans pour autant remettre en question l’architecture énergétique du pays.