La Hongrie a annoncé son intention de contester devant la Cour de justice de l’Union européenne l’accord provisoire conclu par Bruxelles visant à éliminer progressivement les importations de gaz naturel russe. La décision, prise dans le cadre de la stratégie REPowerEU, prévoit l’arrêt des achats de gaz naturel liquéfié (GNL) russes d’ici fin 2026, suivi par la suppression totale des importations de gaz par gazoduc à l’automne 2027.
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a présenté cette mesure comme une étape vers une indépendance énergétique complète de l’Union européenne vis-à-vis de la Russie. Elle a déclaré que les paiements de l’UE à Moscou pour les combustibles fossiles étaient passés de 12 milliards € ($14 milliards) par mois au début de la guerre en Ukraine à 1,5 milliard € actuellement, objectif étant de les réduire à zéro.
Budapest rejette la contrainte réglementaire
Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, a qualifié la mesure d’ »inacceptable » pour son pays, soulignant que la Hongrie, sans accès à la mer, dépend structurellement des livraisons russes par gazoduc. Il a annoncé que dès l’adoption formelle du plan, un recours serait introduit contre cette décision. Selon lui, cette réglementation constitue une sanction déguisée contre Moscou et non une décision commerciale fondée.
Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a réaffirmé que l’approvisionnement énergétique en provenance de Russie est « vital » pour son pays. Cette position s’inscrit dans la ligne adoptée par Budapest depuis le début du conflit en Ukraine, en opposition avec l’orientation majoritaire des États membres de l’UE.
Divisions persistantes au sein de l’UE
La Slovaquie a également exprimé ses réserves sur l’impact économique d’un désengagement énergétique vis-à-vis de la Russie, sans annoncer à ce stade une action juridique. Le règlement adopté par la Commission européenne est juridiquement contraignant, et son application requiert la validation formelle du Parlement européen et des États membres.
Le Kremlin a réagi en estimant que cette décision nuirait à la compétitivité de l’économie européenne. Le porte-parole Dmitry Peskov a déclaré que cela rendrait l’Europe dépendante de sources de gaz plus onéreuses que celles proposées par la Russie.
Contexte géopolitique et mesures parallèles
Depuis l’invasion de l’Ukraine par Moscou en février 2022, Bruxelles a cherché à réduire les flux énergétiques russes vers l’UE, considérés comme des instruments d’influence géopolitique. Parallèlement, Washington a élargi ses sanctions contre les entreprises énergétiques russes, incluant Rosneft, LUKoil et Gazpromneft.
Le commissaire européen à l’énergie Dan Jorgensen a salué la décision, affirmant que l’Union avait choisi la sécurité énergétique. Toutefois, certaines exemptions américaines à destination de la Hongrie restent en vigueur, selon des déclarations du gouvernement de Budapest.