Les ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne ont échoué lundi dans leur tentative de faire pression sur la Hongrie pour qu’elle lève son veto à un projet d’embargo pétrolier contre la Russie. Selon Peter Szijjarto, ministre des Affaires étrangères hongrois, son pays n’a toujours pas reçu de proposition acceptable de l’UE sur les sanctions pétrolières contre la Russie.
La Hongrie bloque toujours l’embargo sur le pétrole russe
L’interdiction des importations de pétrole brut proposée par la Commission européenne au début du mois de mai serait la sanction la plus sévère qu’elle ait jamais prise en réponse à l’invasion de l’Ukraine par Moscou le 24 février dernier.
Josep Borrell, Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, déclare que les ministres ne sont pas parvenus à un accord lundi, comme prévu. L’UE doit obtenir l’accord des 27 États membres pour adopter l’embargo.
Les ambassadeurs négocient désormais un accord. Borrell précise aux journalistes que la Hongrie avait présenté ses arguments sur la base de préoccupations économiques et non politiques.
Gabrielius Landsbergis, ministre lituanien des Affaires étrangères, déclare que :
« L’ensemble de l’Union est pris en otage par un seul État membre. Nous devons nous mettre d’accord, nous ne pouvons pas être pris en otage. »
15 à 18 milliards d’euros pour avoir l’accord de la Hongrie ?
Peter Szijjarto, ministre hongrois des affaires étrangères, estime que son pays n’avait reçu aucune nouvelle proposition sérieuse de la Commission européenne concernant les sanctions pétrolières depuis la visite du président de l’exécutif en Hongrie au début du mois. Le ministre déclare sur Facebook que :
« La Commission européenne a posé un problème avec une proposition. La Hongrie est donc en droit d’attendre de l’UE qu’elle propose une solution : financer les investissements et compenser les hausses de prix (qui en résultent), ce qui nécessite une modernisation totale de la structure énergétique de la Hongrie pour un montant de 15 à 18 milliards d’euros. »
Par ailleurs, il ajoute qu’une autre solution consisterait à exempter les expéditions de pétrole par oléoduc de l’embargo prévu.
Toutefois, Josep Borrell a remis en question ces chiffres. Il affirme que Szijjarto avait parlé de montants beaucoup plus bas avec les ministres lundi. Il ajoutait que l’embargo pétrolier dépassait les frontières des gouvernements de l’UE. Néanmoins, le Haut représentant estime que l’Union doit se débarrasser de la forte dépendance aux énergies russes. Cela rend l’UE très vulnérable, selon lui.
Négociations reportées à la fin du mois de mai
Le Haut représentant souligne toutefois que les ministres des affaires étrangères avaient décidé de débloquer 500 millions d’euros supplémentaires pour l’achat d’armes en faveur de Kiev. Cela porte à deux milliards d’euros la somme totale que l’UE a prévue à cet effet.
Certains diplomates considèrent désormais que le sommet des 30 et 31 mai sera l’occasion de trouver un accord sur une interdiction progressive du pétrole russe. La fin des importations s’échelonnera probablement sur six mois. La Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque bénéficieront d’une période de transition plus longue.
La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, estime qu’un accord est possible dans les prochains jours. Le ministre néerlandais des affaires étrangères, Wopke Hoekstra, parle d’un accord prochain.
Les États-Unis et la Grande-Bretagne ont déjà adopté un embargo sur le pétrole russe. Pour l’UE, l’interdiction d’importer du pétrole russe ferait suite à cinq séries de sanctions européennes antérieures. Cette mesure est considérée comme le meilleur moyen de réduire les revenus de la Russie pour sa guerre en Ukraine.