Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, a réitéré sa volonté de bloquer la reconduction des sanctions européennes contre la Russie. Cette prise de position, qui intervient dans un contexte de tensions économiques et géopolitiques, pourrait être levée à condition que l’Union européenne (UE) convainque l’Ukraine de rétablir le transit de gaz russe à destination de l’Europe centrale.
Depuis le début de l’année, l’Ukraine a suspendu les livraisons de gaz russe transitant par son territoire, invoquant l’expiration d’un contrat signé en 2019. Cette mesure a affecté plusieurs pays de la région, bien que la Hongrie soit relativement moins impactée grâce au pipeline TurkStream, acheminant directement le gaz russe via la mer Noire. Cependant, Budapest insiste sur la nécessité de préserver cette route alternative tout en rétablissant le transit via l’Ukraine.
Les conditions imposées par Budapest
Dans une déclaration à une radio locale, Viktor Orban a affirmé que l’Europe devait redoubler d’efforts pour convaincre l’Ukraine, plutôt que de s’attendre à une acceptation inconditionnelle des sanctions de la part de la Hongrie. Ce positionnement reflète la proximité diplomatique de Budapest avec Moscou, que M. Orban n’a jamais cherché à dissimuler malgré le conflit en Ukraine.
Le dirigeant hongrois a également critiqué la pression économique exercée par les sanctions, qu’il juge responsables des difficultés financières de son pays. Refusant toute aide militaire à l’Ukraine, la Hongrie met en avant ses intérêts énergétiques nationaux et appelle à une résolution pragmatique des différends au sein de l’UE.
Une reconduction des sanctions sous tension
Depuis l’invasion russe en février 2022, l’Union européenne a imposé quinze séries de sanctions contre la Russie. Ces mesures visent principalement les secteurs énergétique et financier, mais leur reconduction nécessite l’unanimité des 27 États membres. Alors que la prochaine décision est attendue d’ici au 31 janvier, le veto potentiel de la Hongrie pourrait compliquer la prise de décision.
Parallèlement, Kaja Kallas, cheffe de la diplomatie de l’UE, a exhorté les États membres à maintenir une ligne dure envers la Russie, malgré les réticences de Budapest. Cette position est soutenue par le président américain Donald Trump, qui a évoqué d’éventuelles mesures supplémentaires contre Moscou en cas de désaccord prolongé sur le conflit en Ukraine.
Un équilibre énergétique fragile
La situation actuelle met en lumière la dépendance énergétique de certains pays de l’Union européenne vis-à-vis du gaz russe. Bien que l’UE ait cherché à diversifier ses sources d’approvisionnement depuis le début de la guerre, plusieurs États membres, dont la Hongrie et la Slovaquie, restent vulnérables face aux ruptures d’approvisionnement.
La volonté affichée par Viktor Orban de défendre les intérêts économiques nationaux reflète une tension croissante entre solidarité européenne et intérêts nationaux. À l’approche de la réunion des ministres des Affaires étrangères prévue lundi, le bloc européen devra naviguer prudemment pour éviter une impasse sur ce sujet hautement sensible.