La Hongrie a annoncé l’achèvement pour 2027 de sa portion d’un nouvel oléoduc reliant la Serbie, destiné à sécuriser les approvisionnements pétroliers en Europe centrale. Le projet bénéficie d’un financement public de 320 mn € ($345 mn) réparti sur trois ans, et permettra à la Serbie d’acheminer du brut russe via le réseau Droujba, tout en renforçant l’infrastructure énergétique de la région.
Un projet énergétique aux implications diplomatiques directes
Le ministre hongrois des Affaires étrangères et du Commerce, Peter Szijjarto, a souligné que les attaques répétées menées par l’Ukraine contre les pipelines justifient une coopération renforcée avec Belgrade. Selon lui, ce projet constitue « une étape importante sur le chemin de la sécurité énergétique de notre région », citant la nécessité de garantir des flux fiables vers l’Europe centrale.
La construction de cette nouvelle liaison s’inscrit toutefois dans un contexte de forte dépendance énergétique à l’égard de la Russie. Le pipeline Droujba reste l’un des principaux canaux de transit du brut russe vers l’Union européenne, traversant notamment l’Ukraine, pays actuellement en conflit avec Moscou. Le choix de maintenir et d’étendre l’usage de cette voie pourrait soulever des interrogations au sein des institutions européennes.
Un partenariat bilatéral sous surveillance régionale
Le projet est présenté par Budapest comme une réponse logistique face aux perturbations croissantes du réseau existant. Toutefois, la nature du partenariat, reposant sur l’acheminement de brut russe à travers un pays candidat à l’Union européenne, la Serbie, soulève des questions sur la cohérence des engagements européens en matière d’autonomie énergétique.
Le Secrétaire d’État hongrois à la Communication internationale, Zoltan Kovacs, a confirmé que les premières étapes techniques sont en cours de coordination avec les autorités serbes. Aucun calendrier détaillé des travaux ou noms d’entreprises contractantes n’a encore été dévoilé à ce stade.
Un équilibre fragile entre sécurité énergétique et dépendances politiques
Alors que plusieurs États membres cherchent à réduire leur exposition aux hydrocarbures russes, la Hongrie poursuit une stratégie d’alignement énergétique avec des partenaires historiquement liés à Moscou. Cette orientation crée un décalage avec les politiques européennes visant à diversifier les sources d’importation.
La finalisation du tronçon hongrois en 2027 pourrait consolider un corridor pétrolier sud-nord parallèle aux voies existantes, mais sans remise en cause de la nature des flux. À moyen terme, ce choix pourrait renforcer les interdépendances régionales plutôt que les atténuer.