La Hongrie et la Slovaquie ont annoncé une opposition commune à la proposition de la Commission européenne visant à interdire totalement les importations énergétiques russes à l’Union européenne (UE). Cette prise de position précède une réunion décisive du Conseil des affaires étrangères prévue à Bruxelles le 23 juin.
Position unifiée contre Bruxelles
L’annonce a été faite par le ministre hongrois des Affaires étrangères et du Commerce, Peter Szijjarto, après une rencontre à Bratislava avec son homologue slovaque, Juraj Blanar. Les deux pays comptent présenter une position unifiée face aux représentants européens, craignant que cette interdiction entraîne une hausse significative des coûts énergétiques pour les ménages hongrois et slovaques. Peter Szijjarto estime ainsi que le projet de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen vise à favoriser le président ukrainien, Vladimir Zelensky.
« La semaine prochaine, au Conseil des affaires étrangères de l’UE, nous ferons front ensemble pour empêcher Bruxelles de mettre en péril la sécurité énergétique de la Hongrie et de la Slovaquie afin de satisfaire Kiev », a déclaré Szijjarto selon l’agence hongroise MTI.
Dépendance énergétique stratégique
Le ministre hongrois a indiqué que les infrastructures énergétiques actuelles d’Europe centrale restent fortement tributaires des approvisionnements russes. Selon lui, sans ces ressources, il serait impossible à court terme de garantir un approvisionnement fiable pour plusieurs pays européens. Il précise que cette démarche européenne relève davantage de considérations politiques qu’économiques, ce qui rend la proposition inacceptable pour Budapest comme pour Bratislava.
Le 16 juin dernier, les deux États avaient déjà bloqué une déclaration du Conseil de l’UE soutenant la proposition de Bruxelles. Le plan de la Commission européenne prévoit une interdiction complète des importations d’énergie russe d’ici au 1er janvier 2028, les contrats à court terme concernant aussi bien le gaz naturel liquéfié (GNL) que le gaz par gazoduc devant être interrompus dès 2026.
Cadre juridique contesté
Afin de faciliter l’adoption de cette mesure, Bruxelles a choisi de présenter son initiative dans le cadre de la politique commerciale plutôt que de la politique étrangère, ce qui implique un vote à majorité qualifiée au Conseil du commerce de l’UE. Ce choix stratégique rend le blocage de cette mesure plus complexe, suscitant les réserves de certains États membres dépendant fortement des sources énergétiques russes.
Peter Szijjarto a insisté sur la détermination des deux pays à ne pas accepter que leurs citoyens paient le prix d’une telle décision : « Nous refusons que le peuple hongrois paye pour le plan von der Leyen-Zelensky, et nous ne permettrons pas à Bruxelles de faire payer aux familles hongroises une aide supplémentaire à Kiev. »