Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a défendu vendredi le plafonnement des prix du carburant introduit par son gouvernement en novembre, mais réservé aux nationaux depuis la fin mai, répondant à des critiques de l’UE jugeant cette restriction “discriminatoire”.
La Hongrie sous le feu des critiques
“Nous espérons que l’UE voit qu’il y a une situation extraordinaire”, nécessitant des “mesures extraordinaires”, a déclaré M. Orban lors d’une interview radiophonique.
Sans le plafonnement des prix du carburant décidé en novembre dernier à 480, forints (environ 1,2 euro) par litre, ils se situeraient aujourd’hui entre 700 et 800 forints comme ailleurs en Europe, a-t-il souligné vendredi.
Néanmoins, Budapest a annoncé le mois dernier que le plafonnement des prix ne s’appliquerait désormais qu’aux voitures avec une plaque d’immatriculation hongroise, afin d’empêcher le “tourisme à la pompe” transfrontalier.
Dans une lettre envoyée à Budapest cette semaine et consultée par l’AFP, Thierry Breton, commissaire européen chargé du marché intérieur, a estimé que cette “différence de traitement semblait constituer une discrimination indirecte”.
Ainsi, le commissaire français juge même que cette mesure “pourrait constituer une violation du droit communautaire” et entraîner une procédure d’infraction à l’encontre de la Hongrie.
Viktor Orban multiplie les mesures
M. Orban, qui a instauré l’état d’urgence en Hongrie à la fin mai pour faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine, est souvent à couteaux tirés avec Bruxelles. Les prix à la consommation en Hongrie ont augmenté de 10,7% en mai, du jamais vu depuis vingt ans.
De plus, pour financer une série de mesures de plafonnement des prix de l’énergie et des denrées alimentaires, la Hongrie a imposé fin mai une taxe exceptionnelle sur les entreprises, visant principalement les secteurs bancaire et énergétique, mais aussi les compagnies aériennes, dont elle espère tirer plus de 2 milliards d’euros.
La compagnie aérienne irlandaise Ryanair a qualifié la taxe la concernant de “plus que stupide” et a demandé à Budapest de la supprimer. La taxe, de 10 à 25 euros par passager à partir du 1er juillet, “portera irrémédiablement atteinte au tourisme, au trafic et aux emplois en Hongrie”, a-t-elle déclaré.
Ainsi, jeudi, la compagnie aérienne a précisé qu’elle facturerait les passagers, y compris pour les réservations antérieures à cette date. Toutefois, ils auront la possibilité de choisir entre l’annulation et le remboursement.
Vendredi, le ministre hongrois du développement économique Marton Nagy, a jugé que l’annonce de Ryanair était “inacceptable” et que l’organisme de surveillance de la protection des consommateurs hongrois allait se pencher sur la question.
“Le prix de la guerre ne doit pas être payé par les familles hongroises”, a ajouté M. Nagy dans un communiqué.