La déclaration récente de Peter Szijjarto, ministre des Affaires étrangères de Hongrie, lors du Forum international du gaz à Saint-Pétersbourg, souligne l’importance stratégique du gazoduc TurkStream. Ce pipeline, reliant la Russie à la Turquie via la mer Noire, pourrait devenir un pilier pour les approvisionnements gaziers de l’Europe centrale si le transit de gaz via l’Ukraine venait à cesser, prévu pour le 31 décembre 2024. Ce scénario pourrait devenir une réalité, compte tenu des tensions militaires persistantes entre l’Ukraine et la Russie, rendant improbable le renouvellement de l’accord de transit en vigueur.
Dans le contexte actuel, où la Hongrie s’appuie déjà sur les livraisons de gaz via le TurkStream, Szijjarto a affirmé que cette alternative pourrait également soutenir d’autres pays de la région confrontés à des difficultés d’approvisionnement. En effet, la Hongrie, contrairement à de nombreux pays de l’Union européenne, maintient des relations étroites avec Moscou, cherchant à renforcer ses liens économiques et énergétiques avec la Russie, ce qui soulève des interrogations sur la diversification énergétique au sein de l’UE.
Importance du gazoduc TurkStream
L’accord de transit actuel entre la Russie et l’Ukraine permet l’acheminement d’environ 15 milliards de mètres cubes (bcm) de gaz par an vers l’Europe, représentant près de 8% des volumes maximaux transitant vers le continent en 2018-2019. La fin de cet accord pourrait exacerber les tensions énergétiques, particulièrement dans les pays d’Europe centrale, où la sécurité énergétique est déjà une préoccupation majeure. La Hongrie a déjà pris des mesures pour sécuriser ses besoins en gaz en augmentant ses contrats avec Gazprom, le géant russe de l’énergie.
Position de la Hongrie dans l’UE
Alors que la majorité des États membres de l’UE s’efforcent de réduire leur dépendance au gaz russe, la Hongrie se distingue par sa volonté de maintenir des relations commerciales étroites avec la Russie. Le Premier ministre Viktor Orbán a bloqué plusieurs initiatives de l’UE visant à restreindre davantage les importations d’énergie en provenance de Russie. Cette stratégie met en évidence un fossé croissant entre Budapest et d’autres capitales européennes, accentuant les tensions au sein de l’Union.
La Hongrie a d’ailleurs signé un addendum à son contrat de gaz avec Gazprom pour l’année 2024, prévoyant un volume total de 6,7 bcm, qui pourrait suffire non seulement aux besoins hongrois, mais aussi à ceux d’autres pays d’Europe centrale si les livraisons via l’Ukraine sont interrompues.
Conséquences géopolitiques et perspectives d’avenir
La situation énergétique en Europe centrale met en lumière la nécessité d’une diversification des sources d’approvisionnement. Si le transit via l’Ukraine se termine, la Turquie pourrait devenir un acteur clé, renforçant sa position de carrefour énergétique. Cependant, cette dépendance accrue vis-à-vis du TurkStream soulève également des inquiétudes sur la stabilité géopolitique, la Russie pouvant utiliser ce levier pour exercer une pression sur l’Europe.
À long terme, les pays européens devront envisager des alternatives pour sécuriser leurs approvisionnements énergétiques. Cela inclut le développement d’infrastructures de gaz naturel liquéfié (GNL) et l’amélioration des interconnexions avec d’autres sources gazières, comme celles d’Azerbaïdjan. Toutefois, la mise en œuvre de ces solutions nécessitera du temps et des investissements significatifs, laissant des pays comme la Hongrie vulnérables à la politique énergétique de Moscou.
Les prochaines étapes pour l’Europe centrale consisteront à évaluer la viabilité de ces alternatives tout en naviguant dans un paysage énergétique complexe et en constante évolution.