La production canadienne de sables bitumineux a progressé de 150 000 barils par jour en 2024, tandis que les émissions absolues de gaz à effet de serre (GES) ont augmenté de moins d’un million de tonnes métriques équivalent dioxyde de carbone (MtCO2e). Ces résultats marquent une nouvelle année de déconnexion partielle entre la croissance de la production et celle des émissions totales, selon une analyse publiée par S&P Global Commodity Insights.
Les données montrent une tendance au ralentissement de l’augmentation des émissions, soutenue par des améliorations continues de l’intensité carbone par baril produit. En 2024, l’intensité moyenne des émissions a reculé de 3%, atteignant 57 kilogrammes de CO2 équivalent par baril (kgCO2e/bbl), tous types d’extraction confondus.
Les gains d’efficacité prolongent une tendance enclenchée depuis 2009
Depuis 2009, l’intensité moyenne des émissions des sables bitumineux a chuté de 28%, soit près de 22 kgCO2e/bbl. Cette évolution s’explique par des optimisations technologiques continues dans les procédés d’extraction, permettant une hausse de la production sans hausse proportionnelle des émissions.
Sur la période 2019-2024, les émissions absolues ont crû d’environ 5 MtCO2e, ce qui représente une moyenne annuelle de 1% (hors 2020), contre une croissance de près de 12 MtCO2e entre 2015 et 2019, lorsque la production avait progressé de 600 000 barils par jour. Cela confirme un net ralentissement du rythme de croissance des émissions, malgré la poursuite de l’expansion du secteur.
Les perspectives à moyen terme restent orientées à la hausse
L’augmentation de 2024 est principalement attribuée à la croissance de la production de pétrole synthétique issu du bitume miné (SCO), dont les émissions ont surpassé les gains d’efficacité réalisés dans ce segment. L’analyse souligne cependant que, dans l’ensemble, les opérateurs privilégient désormais des stratégies de croissance fondées sur l’optimisation opérationnelle.
Les prévisions de S&P Global Commodity Insights indiquent que les émissions absolues pourraient continuer d’augmenter, bien qu’à un rythme ralenti, tant que les réductions d’intensité GES ne dépasseront pas les ajouts de production. Un plafonnement, voire une baisse modérée des émissions, n’est toutefois pas exclu si la production évolue en dessous des projections actuelles.
« La croissance de la production des sables bitumineux a régulièrement dépassé les attentes ces dernières années », a déclaré Celina Hwang, Directrice des marchés du pétrole brut chez S&P Global Commodity Insights. « Cette dynamique continue de repousser la perspective d’un pic des émissions absolues. »