La guerre en Ukraine a bouleversé les stratégies énergétiques du pays. Face aux attaques russes sur les infrastructures critiques, l’Ukraine mise désormais sur un modèle énergétique décentralisé et résilient. Selon Maxime Timtchenko, PDG de DTEK, le principal producteur privé d’énergie du pays, cette transition repose sur un besoin urgent de sécuriser l’approvisionnement tout en réduisant la dépendance aux énergies fossiles.
Lors du Forum économique mondial de Davos, DTEK a annoncé un investissement historique de 450 millions d’euros pour l’achat de 64 turbines auprès du fabricant danois Vestas. Ces équipements permettront l’extension de la ferme éolienne de Tyligulska, située près de la mer Noire. Ce projet est financé en partie par des emprunts garantis par le Fonds public danois EIFO et illustre l’engagement de l’Ukraine à diversifier ses sources d’énergie malgré un contexte difficile.
La résilience énergétique au cœur de la stratégie
L’éolien et le solaire jouent un rôle clé dans cette transformation. Contrairement aux centrales thermiques et hydrauliques, les infrastructures renouvelables sont plus difficiles à cibler et à détruire. Selon M. Timtchenko, chaque turbine peut être connectée au réseau dès son installation, offrant une flexibilité précieuse. L’objectif est d’ajouter 60 mégawatts au réseau d’ici l’hiver 2025 et d’atteindre une capacité totale de 500 mégawatts d’ici fin 2026. Cela représenterait une alimentation électrique suffisante pour environ 900 000 ménages ukrainiens.
Des projets d’avenir en cours
En parallèle, DTEK travaille sur un projet de stockage d’énergie par batteries, en partenariat avec Fluence, société germano-américaine spécialisée. Cette infrastructure, prévue pour octobre prochain, s’inscrit dans une dynamique de sécurisation énergétique. Le groupe explore également de nouveaux partenariats pour développer d’autres parcs éoliens, consolidant ainsi sa position dans le secteur des énergies renouvelables.
Aujourd’hui, les énergies solaire et éolienne ne représentent que 10 % de la production totale d’électricité en Ukraine, contre 20 % pour les centrales au gaz et au charbon, et 55 % pour le nucléaire. Le modèle actuel reste vulnérable face aux frappes russes, mais les initiatives comme celle de DTEK visent à réduire ces risques en multipliant les installations décentralisées.
Les défis d’un secteur sous pression
Depuis le début de la guerre, les infrastructures énergétiques ukrainiennes ont subi des attaques répétées. En 2024, toutes les centrales de DTEK ont été visées, provoquant des arrêts temporaires et la perte de capacités de production. Malgré cela, environ 60 à 70 % de la production totale a été restaurée, permettant au pays d’éviter des blackouts majeurs grâce à des importations et une baisse de la consommation énergétique.
Maxime Timtchenko reste optimiste quant à la capacité du pays à maintenir un approvisionnement stable cet hiver. Cette confiance repose sur les efforts combinés pour diversifier les sources d’énergie, protéger les infrastructures et mobiliser des financements internationaux.