La Grèce manifeste désormais un intérêt explicite pour l’énergie nucléaire afin de diversifier ses sources d’énergie, notamment pour répondre aux besoins croissants de son industrie maritime. Le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis a ainsi évoqué publiquement la possibilité d’intégrer des petits réacteurs modulaires (Small Modular Reactors, SMR) dans la stratégie énergétique nationale du pays.
Vers une diversification du mix énergétique grec
Actuellement dépourvue d’infrastructures nucléaires, la Grèce envisage cette technologie dans le cadre d’une réflexion stratégique sur la transition énergétique, exposée récemment par Mitsotakis à l’occasion de l’Energy Transition Summit organisé par le Financial Times en partenariat avec Kathimerini. Après avoir abandonné le charbon en 2019, principale ressource énergétique du pays jusqu’alors, la Grèce mise désormais largement sur le gaz naturel pour assurer son énergie de base. Ce choix vient compléter une forte croissance des énergies renouvelables, qui représentent actuellement plus de 50 % de sa production d’électricité, associée à des solutions de stockage comme l’hydraulique par pompage et les batteries. Dans ce contexte, les SMR apparaissent comme une option technologique complémentaire, permettant potentiellement de garantir une stabilité énergétique accrue.
Kyriakos Mitsotakis insiste sur la nécessité pour la Grèce et l’Europe d’évaluer de manière pragmatique l’intérêt du nucléaire, même pour les pays sans tradition dans ce domaine. Il souligne notamment les développements récents dans les SMR, considérés comme des solutions techniquement adaptées aux besoins industriels, avec une mise en œuvre relativement rapide. Selon le Premier ministre, une politique énergétique équilibrée doit intégrer cette technologie pour assurer une compétitivité économique durable.
L’industrie maritime face aux défis énergétiques
L’un des principaux moteurs de la réflexion grecque est le secteur maritime, secteur clé pour l’économie du pays. Mitsotakis évoque ainsi explicitement la possibilité d’utiliser l’énergie nucléaire comme option viable pour les navires long-courriers, confrontés à une pression croissante pour réduire leurs émissions. Le gouvernement grec souhaite créer rapidement un groupe de travail composé d’experts industriels afin d’étudier cette piste technologique en détail, tout en admettant que l’application concrète pourrait prendre une dizaine ou une quinzaine d’années.
Le Premier ministre considère ainsi le nucléaire comme l’une des options stratégiques permettant au pays de se positionner en leader mondial dans le débat sur la décarbonation du transport maritime international. L’objectif est de rester concurrentiel face aux futures normes environnementales internationales, sans pour autant privilégier une solution technologique précise à ce stade.
Cette annonce du gouvernement grec ouvre donc officiellement la voie à des consultations approfondies avec l’industrie maritime et énergétique nationale et européenne. Les prochains mois devraient permettre de mieux comprendre les implications économiques, techniques et réglementaires d’une éventuelle adoption du nucléaire par la Grèce dans sa stratégie énergétique et maritime à moyen terme.