La Géorgie, dans un effort stratégique pour diversifier ses sources d’approvisionnement, a donné le feu vert à Black Sea Petroleum pour établir une nouvelle raffinerie à Kulevi, sur la côte de la mer Noire. Cette installation, la première du genre dans le pays, représente une avancée majeure pour l’industrie pétrolière géorgienne, traditionnellement dépendante des importations, notamment de Russie. Avec une capacité initiale de 1,121 million de tonnes par an, cette raffinerie permettra non seulement de répondre aux besoins du marché intérieur, mais aussi de stabiliser les approvisionnements dans un contexte marqué par les incertitudes géopolitiques.
La capacité de la raffinerie est destinée à croître à 2,921 millions de tonnes par an, bien qu’aucun calendrier précis pour cette expansion ne soit encore fixé. Parallèlement, la construction d’un parc de stockage d’une capacité initiale de 89 000 m³, extensible à 440 200 m³, est également prévue, renforçant ainsi les infrastructures de distribution et d’exportation.
Un contexte géopolitique instable
Le choix de construire cette raffinerie s’inscrit dans un contexte où les approvisionnements en pétrole, principalement en provenance de Russie, sont devenus de plus en plus imprévisibles. Les récentes perturbations dans les infrastructures russes, notamment dues à des attaques ciblées, ont souligné la fragilité des chaînes d’approvisionnement actuelles. La Géorgie, jusqu’à présent largement dépendante de ces importations, prend ainsi des mesures pour sécuriser son accès aux produits pétroliers.
En 2023, la production géorgienne de pétrole brut s’est élevée à 56 200 tonnes, avec une croissance annuelle continue de 15 à 20 %. Cependant, en l’absence de capacités de raffinage locales, le brut produit était majoritairement exporté à des prix moins avantageux. La mise en service de la raffinerie de Kulevi modifiera cette dynamique, permettant à la Géorgie de traiter localement son pétrole et de mieux répondre à la demande intérieure.
Potentiel d’exportation et implications régionales
La nouvelle raffinerie à Kulevi ne se limitera pas à répondre aux besoins domestiques. En effet, son emplacement stratégique sur la côte de la mer Noire ouvre des perspectives d’exportation vers des marchés voisins tels que l’Arménie, qui dépend elle aussi des importations de produits pétroliers, principalement russes. Le développement des ports géorgiens de Poti, Batumi, ainsi que le futur port d’Anaklia, renforcera cette capacité d’exportation, en facilitant le transport maritime des produits raffinés.
L’approvisionnement en pétrole brut pourrait provenir de plusieurs sources, notamment l’Azerbaïdjan, le Kazakhstan, le Turkménistan, et potentiellement l’Iran. Cette diversification des sources est cruciale dans le contexte géopolitique actuel, offrant à la Géorgie une résilience accrue face aux éventuelles perturbations des chaînes d’approvisionnement.
Avec ce projet, la Géorgie se positionne non seulement pour satisfaire ses propres besoins énergétiques, mais aussi pour jouer un rôle plus influent dans le marché régional des hydrocarbures. La raffinerie de Kulevi, en réduisant la dépendance aux importations russes et en augmentant les capacités de production locale, marque une étape clé dans l’évolution du secteur énergétique géorgien.