Le calendrier de publication de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), document stratégique définissant les grandes orientations de la politique énergétique de la France sur dix ans, reste incertain. Matignon a confirmé que le texte ne serait pas présenté avant le début de l’année 2026, sans fournir de date précise, malgré les précédentes annonces de décisions attendues avant la fin de l’année.
Un calendrier repoussé face aux arbitrages politiques
Prévu initialement pour 2023, le texte a été plusieurs fois ajourné. Le report est principalement lié aux divergences entre forces politiques sur l’équilibre à établir entre développement du parc nucléaire et soutien aux énergies renouvelables. Le Rassemblement national s’oppose notamment à l’extension de l’éolien et du solaire, ce qui complique la formulation d’un consensus. Le Premier ministre Sébastien Lecornu, qui avait assuré en novembre que la décision serait prise avant Noël, a préféré temporiser.
Lors d’un discours prononcé le 12 décembre, il a déclaré que publier la PPE dans le contexte politique actuel reviendrait à en diluer la portée. Le gouvernement souhaite en faire un moment structurant pour engager un dialogue élargi sur les choix énergétiques du pays. Le dossier reste toutefois considéré comme prioritaire par les autorités, selon les déclarations de Matignon.
Un contenu presque finalisé, selon Bercy
Du côté du ministère de l’Économie, qui supervise également les questions énergétiques, les services indiquent que les arbitrages de fond sont proches d’aboutir. Roland Lescure, ministre en charge, a mené des consultations avec l’ensemble des groupes parlementaires, y compris le groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (Liot), encore à rencontrer.
Cette phase de consultation précède la publication d’un texte qui devra articuler la stratégie française autour de plusieurs documents récents, comme la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) ou les projections actualisées du gestionnaire du Réseau de transport d’électricité (RTE) sur l’équilibre du système électrique à horizon 2035.
Vers une accélération de l’électrification
La future PPE devrait intégrer une trajectoire liée à l’électrification accrue des usages dans les transports, le logement et l’industrie. Ces secteurs restent encore fortement tributaires des énergies fossiles, alors même que l’électricité française est produite à 95% sans émission directe de carbone. Le gouvernement entend inscrire cette électrification dans un plan global, adossé à des objectifs d’installations renouvelables, en particulier terrestres.
RTE a récemment abaissé ses prévisions de consommation électrique d’ici 2035, soulignant un retard de la France sur la massification des usages électriques, malgré les ambitions affichées. Le ministère considère que ces jalons doivent permettre d’aligner la PPE avec les engagements de neutralité carbone à long terme.