La France, déjà en retard sur ses objectifs de déploiement d’énergie solaire, devrait installer cette année moins de nouveaux sites encore que l’an dernier, du fait notamment de l’inflation, et de blocages réglementaires plus récurrents, ont indiqué mardi les représentants du secteur.
La filière “espère atteindre” deux gigawatts de nouvelles capacités solaires en 2022, contre 2,8 GW l’an dernier, selon le président du syndicat Enerplan Daniel Bour. “Cette année, tel que c’est parti, on va faire moins que l’année dernière,” dit M. Bour, pour qui “si on fait 2 GW cette année, ce sera bien”.
Le secteur recense quelque 4GW de projets dotés d’un permis de raccordement. Toutefois, la hausse des coûts des matériaux retarde les chantiers. Ceux-ci ne sont plus rentables au regard des tarifs d’achat d’électricité fixés avant la flambée générale des prix.
Le secteur attend de nouvelles mesures
Le secteur a demandé des mesures d’urgence à l’Etat, et attend aussi un projet de loi sur “l’accélération des renouvelables” promis pour fin juillet par le gouvernement, avant les élections législatives. Les industriels aimeraient notamment y voir le solaire acquérir le statut d’”intérêt public majeur” (et non plus “intérêt collectif”).
Ils demandent des études d’impact différentes selon les terrains. De plus, ils espèrent que la taxe Ifer bénéficie aux communes et non aux départements.
Dans un contexte énergétique tendu, le secteur estime qu’il pourrait fournir d’ici 2025 en France l’équivalent en énergie d’un à deux réacteurs nucléaires, soit 25 GW supplémentaires. Mais aujourd’hui, en France, en comptant le résidentiel, les toitures, les centrales au sol, la capacité installée ne dépasse pas les 13 GW. L’objectif de 20 GW en 2023 paraît loin. Emmanuel Macron a pour sa part évoqué 100 GW en 2050, et la filière se dit à même de réaliser le double.
Un rapport produit mardi par le think tank France territoire solaire avec EY, souligne ses avantages, en termes de capacité d’approvisionnement électrique mais aussi sur le plan économique.
Depuis 2010, le coût de production du photovoltaïque a chuté de 85%. Et avec l’envolée générale des prix de marché de l’électricité depuis fin 2021, le secteur solaire, qui bénéficie d’une rémunération garantie, est devenu source de recettes nettes pour l’Etat, étant contraint de reverser le surplus perçu.