La France veut « inciter » l’Arabie saoudite à revoir ses ambitions écologiques pour atteindre plus rapidement la neutralité carbone, a déclaré à l’AFP la ministre française de la Transition énergétique lors d’une visite dans la puissante monarchie pétrolière du Golfe.
La France encourage l’Arabie saoudite à revoir sa trajectoire climatique lors de la COP28
L’Arabie saoudite, premier exportateur de brut au monde, assure viser la neutralité carbone d’ici 2060 alors que les Émirats arabes unis voisins, autre grand pourvoyeur d’or noir, accueillent la conférence de l’ONU sur le climat, la COP28, à la fin de l’année.
« Cette COP28 sera le moment de faire le point sur nos trajectoires respectives », a déclaré samedi la ministre française, Agnès Pannier-Runacher, lors d’un entretien avec l’AFP à Ryad.
La France, qui travaille actuellement à une révision à la hausse de ses ambitions, « incite tous les pays, et notamment l’Arabie saoudite, à revoir aussi leur trajectoire », a-t-elle ajouté. Selon la ministre, les objectifs de réduction des émissions sont plus crédibles lorsqu’ils s’inscrivent « dans une durée courte 2030-2035, et donc qu’on ne renvoie pas le sujet à 2050 ».
L’Arabie saoudite s’est engagée en 2021 à atteindre l’objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre au plus tard en 2060. Le géant pétrolier saoudien Aramco, principale source de revenus du royaume, vise « zéro émission nette opérationnelle » en 2050, un objectif qui s’applique aux émissions directement produites par les sites industriels du groupe. Agnès Pannier-Runacher a quitté dimanche l’Arabie saoudite après avoir rencontré des responsables et hommes d’affaires français et saoudiens.
L’Arabie saoudite et les pays du Golfe sous le scepticisme des défenseurs de l’environnement
La ministre a estimé que Ryad pouvait jouer « un rôle de leader » lors de la COP28, alors que les défenseurs de l’environnement se montrent très sceptiques à l’égard des ambitions environnementales de l’Arabie saoudite et des autres pays du Golfe dont les économies dépendent grandement de l’exportation des hydrocarbures. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis injectent des milliards d’euros dans les énergies vertes tout en appelant à plus d’investissements dans les énergies fossiles pour répondre à la demande mondiale croissante.
Ces pays du Golfe assurent que le captage de CO2, grâce à des technologies pourtant très coûteuses et encore balbutiantes, leur permettra d’atteindre la neutralité carbone. Agnès Pannier-Runacher a par ailleurs déclaré que la France était entrée dans la « compétition » en cours avec d’autres pays pour participer au « projet de réacteur nucléaire à forte puissance » en Arabie saoudite. Paris tient à « montrer les qualités de la filière nucléaire française pour répondre aux attentes de l’Arabie saoudite », a-t-elle fait valoir.