La France et la Belgique ont officialisé, lors d’une rencontre à Paris, une nouvelle phase de partenariat énergétique axée sur le nucléaire. La déclaration d’intention signée par Mathieu Bihet, Ministre fédéral de l’Énergie de Belgique, et Marc Ferracci, Ministre français chargé de l’Industrie et de l’Énergie, acte une coopération élargie entre les deux pays sur la prolongation des réacteurs existants, le développement de nouveaux projets, dont les petits réacteurs modulaires (Small Modular Reactors, SMR), ainsi que la recherche et l’innovation.
Des priorités stratégiques communes
Les gouvernements prévoient de constituer des groupes de travail thématiques chargés de mettre en œuvre des projets communs sur l’exploitation à long terme du parc nucléaire, la formation et le renforcement des compétences, ainsi que la sécurisation des chaînes d’approvisionnement stratégiques. La volonté affichée est de placer l’énergie nucléaire au cœur de l’ambition industrielle et scientifique de l’Europe, comme en témoigne la récente décision de la Belgique de rejoindre officiellement l’Alliance nucléaire européenne.
L’abandon par la Belgique de la loi de 2003 sur la sortie du nucléaire a été confirmé par un vote du parlement fédéral en mai, autorisant la poursuite d’exploitation de ses dernières unités en activité. Avant ce changement, les réacteurs Tihange 1 et Doel 2 devaient fermer respectivement en octobre et en décembre de cette année, tandis que Doel 4 et Tihange 3 étaient programmés pour cesser leurs activités en novembre 2025. Un accord acté en décembre dernier prévoit désormais que Doel 4 et Tihange 3 fonctionneront pendant dix années supplémentaires.
Vers un renforcement de la souveraineté énergétique
La France, disposant du parc nucléaire civil le plus important de l’Union européenne, poursuit de son côté des investissements dans la filière, misant sur la relance de l’industrie nucléaire pour répondre aux enjeux de compétitivité et de sécurité d’approvisionnement. Ce rapprochement avec la Belgique intervient alors que l’Alliance nucléaire européenne, composée actuellement de treize membres, défend l’élargissement du recours au nucléaire et la reconnaissance de la technologie comme pilier de la souveraineté énergétique.
La déclaration commune met en avant une convergence de vues sur la nécessité d’une stratégie énergétique européenne fondée sur la neutralité technologique et l’indépendance face aux marchés extérieurs. Les échanges bilatéraux doivent désormais se traduire par des actions concrètes, tant en matière d’exploitation que d’innovation, afin d’assurer la pérennité des deux industries nucléaires nationales.
Les déclarations officielles insistent sur le fait que la relance du nucléaire en Belgique, soutenue par ce nouveau partenariat, doit répondre aux objectifs de sécurité d’approvisionnement, de souveraineté énergétique et de maintien d’une capacité industrielle robuste dans le secteur. Mathieu Bihet a affirmé que « la Belgique s’engage à œuvrer avec ses partenaires européens sur des enjeux stratégiques de long terme ».