La préfecture de Seine-Maritime a refusé d’accorder à la société britannique Aquind une concession d’utilisation du domaine public maritime, stoppant pour l’instant le développement du projet d’interconnexion électrique transmanche. D’un coût estimé à €1,4bn ($1,47bn), l’infrastructure devait relier les réseaux électriques français et britanniques par un câble sous-marin d’une capacité de 2 000 mégawatts.
Un projet certifié conforme mais juridiquement incomplet
Le 17 juillet, un arrêté préfectoral avait validé la conformité du projet au Code de l’environnement, octroyant une autorisation environnementale. Cependant, cette étape ne suffisait pas à enclencher les travaux, d’autres autorisations administratives étant encore requises, notamment celle relative à l’occupation du domaine public maritime. Cette dernière, conditionnée à une reconnaissance d’intérêt général, n’a pas obtenu le feu vert attendu au niveau national.
Selon la préfecture, cette reconnaissance constitue un critère déterminant dans l’octroi de la concession, soulignant que le rejet repose sur une décision nationale, au-delà de la simple compétence locale. Le projet, bien qu’ayant franchi certaines étapes réglementaires, se retrouve ainsi juridiquement bloqué.
Réaction d’Aquind et incertitudes pour la suite
Dans un communiqué, Martin Dubourg, directeur France d’Aquind, a exprimé sa « surprise » face à ce refus, en raison des « besoins croissants d’interconnexion identifiés au niveau européen, particulièrement entre la France et la Grande-Bretagne ». Il estime néanmoins que cette décision, bien qu’imprévue, ne remet pas en cause « la pertinence » du projet ni « sa réalisation à terme ».
Le projet Aquind figure parmi les initiatives d’infrastructures électriques visant à renforcer la stabilité des réseaux en Europe et la résilience du marché. La mise en œuvre de ce type de liaison transmanche s’inscrit dans un contexte de forte sollicitation des infrastructures existantes et de croissance des flux d’électricité entre pays.
Un dossier sensible aux enjeux politiques et territoriaux
La décision de refus intervient dans un climat où les projets transfrontaliers doivent souvent composer avec des considérations politiques, locales et nationales. Les débats sur les infrastructures énergétiques, en particulier lorsqu’elles concernent le domaine public maritime, engendrent une forte sensibilité dans les zones littorales.
Le projet Aquind reste techniquement réalisable mais son avenir immédiat dépendra d’éventuelles voies de recours juridiques ou de reconfigurations institutionnelles permettant de réévaluer son intérêt général. La société n’a pas précisé si elle envisage de contester la décision de la préfecture ou de relancer une procédure d’autorisation à un autre niveau.