La France a besoin d’un nombre « significatif » de réacteurs nucléaires, a estimé mardi le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, alors que le pays s’apprête à relancer un programme de construction dont les contours doivent encore être précisés.
La France veut décarboner et réindustrialiser
« Si nous voulons réindustraliser le pays, avoir une vraie reconquête industrielle, ce qui est au coeur de notre ambition avec le président de la République, il faut un nombre significatif de réacteurs nucléaires », a répondu le ministre à des journalistes en marge de l’ouverture du salon World Nuclear Exhibition, près de Paris.
« Le président de la République déterminera le nombre de réacteurs nécessaires, mais réindustrialiser et décarboner, ça veut dire plus de réacteurs nucléaires pour produire plus d’électricité qui va servir à la décarbonation des grands sites industriels », a-t-il poursuivi.
La France, l’un des pays les plus nucléarisés au monde, s’apprête en effet à construire de nouveaux réacteurs sur son sol, une vingtaine d’années après la mise en service des derniers, a annoncé le président Emmanuel Macron le 9 novembre. Le nombre de réacteurs, le calendrier ou le financement n’ont toutefois pas encore été précisés.
Le nucléaire dans la taxonomie verte
Bruno Le Maire a aussi indiqué que le nucléaire devrait être « inscrit dans les jours qui viennent » dans la « taxonomie verte » européenne, une liste d’énergies jugées vertueuses pour le climat et l’environnement. Cette classification ouvrira l’accès à la finance verte, donnant un avantage compétitif crucial aux filières reconnues.
« Il serait inconcevable et irresponsable que l’énergie nucléaire ne soit pas reconnue comme une énergie décarbonée dans la taxonomie européenne » et « nous allons gagner ce combat », a assuré le ministre. « C’est un des sujets de discussion que nous avons avec le nouveau gouvernement allemand, je suis persuadé que nous pouvons parvenir à un compromis avec l’Allemagne sur ce sujet pour que, dans les jours qui viennent, le nucléaire figure en toutes lettres dans la taxonomie européenne », a-t-il dit.
L’inclusion du nucléaire oppose les pays européens, partagés entre d’une part la France et des pays d’Europe centrale et d’autre part l’Allemagne, l’Autriche ou le Luxembourg. Berlin avait toutefois ouvert mi-octobre la voie à un compromis.