La Fédération nationale de l’énergie solaire (Fnes) a été constituée le 21 juin, date symbolique du solstice d’été, avant son lancement officiel le 14 juillet. L’organisation réunit pour la première fois installateurs, équipementiers, distributeurs, cabinets de conseil et organismes de formation autour d’une même bannière. Selon ses statuts, déposés à Paris, la fédération veut établir un cadre de concertation interne afin de porter une voix unique auprès des décideurs publics. Connaissance des Énergies a rapporté le 15 juillet que cette initiative répond à la montée des critiques visant le photovoltaïque dans le débat sur le mix énergétique français.
Une réponse coordonnée au « solar bashing »
La présidente Floriane de Brabandère explique que la filière « souffre d’attaques injustes souvent instrumentalisées pour des enjeux électoraux ». Elle insiste sur la nécessité de « décortiquer publiquement les coûts, les emplois et les retombées industrielles du solaire ». La Fnes affirme ne pas vouloir remplacer le Syndicat des énergies renouvelables (SER) ni Enerplan, mais compléter leur action en fédérant des acteurs rarement représentés, notamment les bureaux d’études régionaux. Elle prévoit une première série d’ateliers techniques dès septembre pour définir des positions communes sur la formation et la logistique d’approvisionnement des panneaux.
Le secteur fait l’objet d’un débat parlementaire animé depuis le printemps. Le 24 juin, l’Assemblée nationale a rejeté par une large majorité un amendement visant à instaurer un moratoire sur les nouvelles installations renouvelables, porté par plusieurs députés de droite et d’extrême droite. Les promoteurs du moratoire accusent le photovoltaïque de renchérir le coût du raccordement au réseau et de détourner des financements publics destinés au nucléaire. Selon la Commission de régulation de l’énergie, ces charges représentent moins de sept % de la facture annuelle moyenne d’électricité, mais la visibilité politique reste fragile.
Calendrier réglementaire serré
Le ministre de l’Énergie Marc Ferracci a confirmé le huit juillet que le décret actualisant la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) serait publié « avant la fin de l’été ». Cette révision pourrait ajuster à la baisse les objectifs solaires, aujourd’hui fixés à 54 GW d’ici 2030, tout en renforçant les exigences de contenu européen des modules. La Fnes souhaite participer aux consultations publiques annoncées pour août, afin de présenter des scénarios d’investissement chiffrés. Elle entend également mettre en avant l’intérêt des contrats d’achat privé de long terme pour sécuriser la trésorerie des développeurs.
La France dispose actuellement de vingt-huit gigawatts de capacité solaire installée, soit environ quatre % de la production électrique nationale. L’Agence internationale de l’énergie prévoit un doublement du parc mondial d’ici 2030, porté par un marché estimé à $500 bn. « Notre ambition est de garantir que la valeur ajoutée industrielle reste en France », souligne Floriane de Brabandère, rappelant que chaque nouveau gigawatt soutient près de deux mille emplois directs. Le ministère estime par ailleurs que dix-huit nouveaux parcs au sol doivent entrer en service d’ici 2027, confirmant la dynamique d’investissement que la Fnes entend protéger.