La demande mondiale de cuivre devrait atteindre 42,7 millions de tonnes par an d’ici 2035, en hausse de 24% par rapport aux niveaux actuels, selon une étude de Wood Mackenzie. Cette progression représente une augmentation de 8,2 millions de tonnes par an, tirée par l’industrialisation continue, les transformations énergétiques et les avancées numériques.
Quatre perturbateurs majeurs pourraient cependant accentuer cette dynamique et ajouter jusqu’à trois millions de tonnes supplémentaires à la demande annuelle, soit 40% de la croissance totale anticipée. Ces facteurs pourraient provoquer une pression accrue sur les chaînes d’approvisionnement et renforcer la volatilité des marchés.
Les centres de données, un facteur de déséquilibre imprévisible
Parmi ces perturbateurs, les centres de données apparaissent comme la source de demande la plus instable. L’expansion de l’intelligence artificielle devrait nécessiter 2 200 térawattheures (TWh) d’électricité supplémentaire d’ici 2035, entraînant une hausse de la demande en cuivre de 1,1 million de tonnes par an pour les infrastructures de réseau dès 2030.
Le cuivre représentant moins de 0,5% des coûts totaux de ces projets, les développeurs de centres de données restent peu sensibles aux fluctuations de prix. Une accélération rapide de la construction pourrait ainsi provoquer des hausses de prix supérieures à 15% et une diminution rapide des stocks disponibles.
L’électrification et les véhicules renforcent la pression sur l’offre
Au-delà du secteur numérique, la transition énergétique mondiale constitue un moteur structurel majeur. Le déploiement des énergies renouvelables devrait accroître la consommation de cuivre de deux millions de tonnes par an au cours des dix prochaines années. La demande dans ce segment passerait ainsi de 1,7 à 4,3 millions de tonnes par an d’ici 2035.
Chaque véhicule électrique contient jusqu’à quatre fois plus de cuivre qu’un modèle thermique. L’essor de la mobilité électrique, conjugué aux avancées des batteries et des systèmes de recharge, devrait doubler la demande liée à ce segment sur la période.
Les marchés asiatiques stimulent une demande soutenue
L’Inde et l’Asie du Sud-Est représentent des pôles de croissance significatifs pour la consommation de cuivre. Leur industrialisation rapide devrait générer une demande supplémentaire de 3,3 millions de tonnes par an d’ici 2035. Les taux de croissance annuels moyens attendus s’élèvent à 7,8% pour l’Inde et 8,2% pour les pays d’Asie du Sud-Est.
Même si ces économies ne reproduisent qu’en partie le parcours de la Chine, leurs seuls secteurs de la construction et de l’énergie pourraient consommer 5,4 millions de tonnes supplémentaires. La consommation de cuivre par habitant y demeure inférieure à la moyenne mondiale, suggérant un potentiel de croissance à long terme.
Les dépenses militaires s’ajoutent aux tensions sur les ressources
L’augmentation des budgets de défense en Europe, portée à 3,5% du produit intérieur brut (PIB), introduit une nouvelle source de pression sur le marché. Si la consommation directe reste limitée à 25 000 à 40 000 tonnes par an sur la décennie à venir, l’impact indirect, notamment via les infrastructures critiques, est plus conséquent.
Les réseaux électriques renforcés et les systèmes de communication protégés sont particulièrement intensifs en cuivre. La modernisation accélérée des capacités militaires à l’échelle mondiale ajoute ainsi une dimension industrielle à la demande, avec des effets durables sur l’équilibre offre-demande.
Des capacités minières insuffisantes face aux besoins projetés
Pour faire face à cette croissance, le marché devra mobiliser plus de huit millions de tonnes de nouvelles capacités minières par an, en plus de 3,5 millions de tonnes issues du recyclage. Wood Mackenzie estime que le taux annuel de perturbation de la production minière pourrait devoir passer de 5% à 6%, retirant ainsi jusqu’à 300 000 tonnes par an du marché.
Dans ce contexte tendu, la combinaison de ces quatre facteurs de croissance pourrait accentuer les périodes de prix élevés et de fluctuations marquées. Le manque d’investissement dans les capacités d’extraction constitue un risque central pour l’équilibre futur du marché.