La demande mondiale d’énergie primaire a augmenté de 40 millions de barils équivalents pétrole par jour au cours de la dernière décennie, selon Amin Nasser, président-directeur général de Saudi Arabian Oil Company (Aramco). Il a précisé que les hydrocarbures couvrent environ deux tiers de cette hausse, et représentent aujourd’hui 80 % des 340 millions de barils équivalents consommés chaque jour.
Des investissements massifs sans rupture énergétique
Malgré plus de 11 000 milliards de dollars investis à l’échelle mondiale dans la transition énergétique, les usages du pétrole, du gaz et du charbon continuent d’atteindre des niveaux records. Nasser a souligné que les sources alternatives, notamment les véhicules électriques (EV) et les énergies renouvelables, peinent à absorber la croissance de la demande, laissant aux hydrocarbures le soin de combler l’écart.
Il a aussi précisé que dans certains cas, les technologies électrifiées contribuent à une augmentation des émissions. L’intermittence des renouvelables, combinée à l’absence de capacités de stockage à grande échelle économiquement viables, accentue l’instabilité des réseaux et renforce la dépendance au gaz et au charbon.
Pression croissante du secteur technologique
Le dirigeant d’Aramco a également mentionné que la montée en puissance des technologies numériques, notamment les centres de données, va fortement augmenter la consommation électrique. D’ici 2030, ces infrastructures pourraient consommer jusqu’à quatre fois plus d’électricité que l’ensemble du parc mondial de véhicules électriques à batterie.
Nasser a qualifié les cibles de la transition énergétique d’irréalistes, tant en matière de rythme que de coûts. Il a affirmé que la plupart des prévisions internationales sont désormais revues pour intégrer le maintien de l’utilisation du pétrole et du gaz à long terme.
Renforcement des capacités pétrolières et gazières
Aramco entend maintenir sa position dominante dans le pétrole en capitalisant sur ses faibles coûts de production – 2 dollars par baril équivalent pour le pétrole, 1 dollar pour le gaz – et sur une intensité carbone amont parmi les plus faibles du secteur. La société prévoit également une augmentation de plus de 60 % de sa capacité de production de gaz de vente d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 2021.
Par ailleurs, la société saoudienne développe l’exploitation du gaz non conventionnel et investit dans les technologies numériques, l’intelligence artificielle et les infrastructures pour optimiser l’efficacité de ses opérations. Un programme de capital-risque de 7 milliards de dollars soutient ces efforts, avec une valeur technologique capturée estimée à 6 milliards de dollars sur les deux dernières années.
Vision équilibrée pour le long terme
Le segment des produits chimiques reste un axe stratégique de développement pour Aramco, en s’appuyant sur sa compétitivité dans les matières premières et les capacités de conversion. L’entreprise affirme également maintenir une approche prudente dans les énergies nouvelles, prête à intensifier ses investissements lorsque les conditions économiques le permettront.
Nasser a conclu que cette stratégie vise à préparer un avenir énergétique réaliste, tout en assurant la création de valeur sur le long terme pour les parties prenantes et les actionnaires.