Le Bangladesh, secoué par des manifestations massives et une instabilité politique depuis juillet, connaît une situation paradoxale : alors que l’activité économique est perturbée, la demande en électricité a progressé de 7 % sur une période de trois semaines. Les données du régulateur du réseau électrique montrent une consommation moyenne de 316 millions de kilowattheures par jour, en grande partie stimulée par la hausse des températures qui oblige les ménages à recourir massivement aux climatiseurs. Cette situation souligne la résilience de la demande énergétique du pays, même dans un contexte de crise politique.
La croissance de la consommation résidentielle contraste fortement avec les attentes dans d’autres nations asiatiques en développement, comme l’Inde ou le Vietnam, où la consommation industrielle reste le principal moteur de la demande énergétique. Au Bangladesh, la dynamique est différente, avec une dépendance croissante des ménages, qui intensifie l’utilisation des infrastructures énergétiques existantes.
Conséquences sur les importations de combustibles fossiles
Cette augmentation de la consommation d’électricité résidentielle a des répercussions directes sur les importations de combustibles fossiles. Le Bangladesh a enregistré une hausse de 26,6 % de ses importations de charbon thermique au cours des sept premiers mois de l’année, atteignant 6,22 millions de tonnes métriques. L’utilisation accrue des centrales à charbon, favorisée par des prix internationaux du charbon en baisse, est la principale raison de cette augmentation.
Simultanément, les importations de gaz naturel liquéfié (LNG), pourtant cruciales pour la production d’électricité, ont progressé beaucoup plus lentement, à un rythme de 2,6 % seulement. Cette situation reflète une substitution partielle du gaz par le charbon dans le mix énergétique du pays, une tendance qui pourrait s’accentuer si les prix du charbon restent compétitifs par rapport à ceux du gaz.
Défis et opportunités pour le secteur énergétique
Le Bangladesh, en pleine transition énergétique, doit faire face à une série de défis complexes. La dépendance accrue aux combustibles fossiles, notamment au charbon, pourrait entraver les efforts de décarbonation du pays. En outre, la faible part des énergies renouvelables dans le mix énergétique complique davantage la situation. Le pays devra concilier la satisfaction des besoins immédiats en électricité avec les impératifs de durabilité à long terme.
Les perspectives pour le secteur énergétique bangladais indiquent une croissance continue de la demande, principalement due aux besoins résidentiels. Cette dynamique impose une planification stratégique rigoureuse pour éviter une dépendance excessive aux combustibles fossiles et pour intégrer davantage de sources d’énergie renouvelable, malgré les contraintes actuelles. Les fluctuations des prix des matières premières sur les marchés internationaux resteront un facteur déterminant pour la stabilité énergétique du pays, avec des impacts directs sur le coût de l’énergie pour les consommateurs.