La consommation d’électricité en Asie du Sud-Est a progressé de plus de 7% en 2024, soit presque le double de la moyenne mondiale. Cette dynamique est alimentée par l’urbanisation rapide, la croissance industrielle et l’amélioration du niveau de vie. D’après un rapport publié récemment, répondre à cette demande de manière fiable exigera une action coordonnée entre les décideurs politiques, les régulateurs et les opérateurs de réseau.
Une dépendance énergétique qui accroît les vulnérabilités régionales
Plusieurs pays membres de l’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) s’appuient encore largement sur les importations de combustibles, les rendant vulnérables à la volatilité des prix et aux ruptures d’approvisionnement. Les effets de la dernière crise énergétique mondiale ont accentué ces fragilités, renforçant l’urgence d’une diversification du mix électrique régional. Le rapport identifie un potentiel inexploité de 20 térawatts en ressources solaires et éoliennes dans la région, soit environ 55 fois la capacité installée actuelle.
Des outils réglementaires pour accélérer l’intégration
Le solaire et l’éolien figurent désormais parmi les sources de production les plus compétitives économiquement. Leur développement permettrait de limiter les importations, de stabiliser les marchés locaux et de répondre aux objectifs nationaux de réduction des émissions. À ce jour, huit des dix États membres de l’ASEAN se sont fixés des cibles de neutralité carbone. Des dispositifs tels que les enchères compétitives et les contrats d’achat direct d’électricité se multiplient pour dynamiser l’adoption des renouvelables.
Des défis techniques gérables à court terme
L’intégration des énergies renouvelables variables reste à un stade initial dans la plupart des pays de l’ASEAN, à l’exception du Viet Nam. À ce niveau, leur impact sur le réseau est encore limité. Des mesures éprouvées, peu coûteuses et rapidement applicables sont identifiées dans le rapport : flexibilité des centrales existantes, modernisation des outils de prévision, révision des codes réseau et amélioration de la surveillance des infrastructures électriques.
Une coopération régionale pour accompagner la transition
Dans cette perspective, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a récemment ouvert un Centre de coopération régionale à Singapour, marquant sa première implantation hors de son siège parisien. Cette structure vise à soutenir les pays de l’ASEAN dans la gestion de l’intégration des énergies renouvelables et la modernisation des réseaux. Le rapport sera présenté lors de la session plénière du Forum des entreprises de l’énergie de l’ASEAN, prévue le 15 octobre à Kuala Lumpur.