La demande de pétrole pour les carburants en Chine a marqué un tournant en 2024, affichant une baisse de 2,5 % par rapport à 2021. La consommation combinée de l’essence, du diesel et du kérosène a atteint presque 8,1 millions de barils par jour, un chiffre encore supérieur à celui de 2019, mais bien inférieur à celui de 2021. Cette évolution reflète un changement profond dans la structure de l’économie chinoise, notamment en raison d’une transition du secteur manufacturier vers des services plus orientés vers la technologie et les énergies renouvelables. La croissance soutenue des années précédentes semble désormais appartenir au passé, la demande de carburants stagnante suggérant que la Chine pourrait ne plus connaître de forte hausse de sa consommation pétrolière dans un futur proche.
Un ralentissement lié à la transformation économique
La dynamique de croissance rapide de la demande en pétrole en Chine a été en grande partie alimentée par son secteur industriel, qui est désormais en pleine restructuration. Le passage d’une économie axée sur la production vers une économie plus orientée vers les services et la technologie a conduit à un ralentissement de l’utilisation de carburants fossiles. En 2024, la croissance du PIB chinois a été de 5 %, un chiffre en deçà des attentes, et bien inférieur aux niveaux d’avant la pandémie. De plus, la récession du secteur de la construction, autrefois un moteur important de la demande de gazole, a accentué cette tendance.
Les prévisions indiquent que ce déclin pourrait continuer dans les années à venir, en particulier au vu des objectifs environnementaux du gouvernement chinois, qui vise à atteindre un pic de ses émissions de CO2 d’ici 2030 et une neutralité carbone d’ici 2060. Le développement des véhicules électriques, dont la part représente désormais environ 50 % des ventes de voitures neuves, contribue directement à limiter la demande pour les carburants traditionnels. Ces évolutions s’inscrivent dans une politique de transition énergétique qui réduit progressivement la dépendance au pétrole.
Impact des alternatives énergétiques sur la consommation
Les alternatives énergétiques, notamment les véhicules électriques (VE) et le gaz naturel, ont substitué une partie importante de la demande de pétrole en Chine. En 2024, l’adoption des VE a réduit la demande en carburant de 3,5 %, et l’usage du gaz naturel dans le transport routier a encore réduit cette consommation. Ces tendances sont renforcées par les investissements publics dans les infrastructures de transport, comme le réseau ferroviaire à grande vitesse, qui a connu une expansion significative. Le réseau de trains à grande vitesse, qui est le plus grand au monde, devrait encore croître de manière substantielle d’ici 2030, réduisant ainsi la demande pour les carburants à base de pétrole.
En outre, la consommation de pétrole pour les produits pétrochimiques a augmenté de presque 5 % en 2024, compensant en partie la baisse dans d’autres secteurs. Ces produits, utilisés dans la fabrication de plastiques et de fibres, représentent une source de demande en pétrole moins affectée par les tendances de substitution énergétique. Cependant, cette croissance reste marginale en comparaison avec la contraction de la demande pour les carburants.
Les tendances mondiales et la position de la Chine
Le ralentissement de la demande en carburants pétroliers en Chine contraste avec la tendance observée dans d’autres marchés émergents comme l’Inde et le Brésil, où la consommation de pétrole a continué de croître en 2024. Ce phénomène est également mis en perspective par la comparaison avec les pays développés, où la demande reste beaucoup plus élevée, notamment au sein de l’OCDE. À titre d’exemple, les pays de l’OCDE ont utilisé quatre fois plus de carburants que la Chine en 2024.
Cette situation soulève la question de l’aptitude des prévisions de croissance mondiale en matière de pétrole à anticiper les spécificités d’économies en transition. L’exemple coréen, où la demande de carburants a plafonné au milieu des années 90 malgré une forte croissance économique, pourrait constituer un précédent pertinent pour évaluer les trajectoires futures de la Chine.