Le secteur solaire américain, après plusieurs années de forte expansion, prévoit un ralentissement significatif de ses nouvelles installations d’ici la fin de la décennie, selon une analyse récente menée par la Solar Energy Industries Association (SEIA) en collaboration avec Wood Mackenzie.
Impact des politiques fiscales fédérales
La principale raison évoquée par ces organismes est liée à une série de mesures politiques récemment prises à Washington. Notamment, un projet de loi présenté par la majorité républicaine à la Chambre des représentants pourrait supprimer une partie significative des crédits d’impôt actuellement en vigueur, notamment ceux inclus dans l’Inflation Reduction Act (IRA) de 2022. Ces crédits avaient auparavant fortement stimulé les investissements dans les installations solaires, tant résidentielles que commerciales. Sans ces avantages fiscaux, la compétitivité économique du solaire face aux autres formes de génération électrique pourrait s’affaiblir sensiblement, entraînant une diminution prévisionnelle de 10 % des nouvelles capacités installées entre 2025 et 2030.
Les tarifs douaniers récemment imposés sur l’acier et l’aluminium, matériaux essentiels aux infrastructures solaires, constituent une contrainte supplémentaire. Cette mesure accroît directement les coûts d’investissement et pousse certains développeurs à réévaluer ou à retarder leurs projets. Cette hausse des coûts se répercute aussi bien sur les projets d’envergure industrielle que sur les installations domestiques.
Situation actuelle et prévisions sectorielles
Durant le premier trimestre 2025, les États-Unis ont installé environ 10,8 gigawatts (GW) de nouvelles capacités solaires. Cela représente un recul de 7 % par rapport à la même période de l’année précédente, selon les données de la SEIA. Le secteur résidentiel a été particulièrement touché, enregistrant une baisse de 13 % en raison notamment des taux d’intérêt élevés et de l’incertitude sur les futures incitations fiscales. Cette tendance pourrait persister à court terme, même si une stabilisation est prévue à moyen terme.
Les grands projets à l’échelle industrielle continuent néanmoins de dominer le paysage solaire américain. Actuellement, cinq États—le Texas, la Floride, l’Ohio, l’Indiana et la Californie—représentent près de 65 % des nouvelles capacités solaires installées. Cette concentration géographique souligne la dépendance actuelle du secteur à des environnements réglementaires favorables au niveau local, indépendamment des incertitudes fédérales.
Vers une stabilisation à l’horizon 2030
La perspective à long terme reste cependant mitigée. Selon les analystes, la compétitivité du solaire pourrait se rétablir progressivement à partir de 2030 si les coûts de l’électricité conventionnelle augmentent comme prévu, compensant ainsi en partie la réduction des aides fiscales. De plus, l’incertitude politique persistante rend difficile une prévision claire des conditions futures du marché.
Les professionnels du secteur surveillent étroitement les évolutions politiques, conscient qu’un environnement réglementaire stable reste déterminant pour maintenir les investissements nécessaires à la poursuite du développement solaire aux États-Unis. L’ampleur du ralentissement dépendra en grande partie des décisions à venir du gouvernement fédéral sur les politiques énergétiques et commerciales.