La croissance de la capacité de production de biocarburants aux États-Unis a marqué un net ralentissement en 2024, progressant de seulement 3 % sur un an. Cette décélération, constatée dans les derniers rapports de production publiés, résulte principalement d’un ralentissement des projets liés au diesel renouvelable et aux biocarburants émergents. L’industrie subit les effets combinés de la baisse des marges sur les crédits de biocarburants et du redressement des marges de raffinage du pétrole.
La capacité en diesel renouvelable progresse faiblement
La catégorie du diesel renouvelable et des autres biocarburants, incluant notamment le carburant aviation durable (SAF), n’a enregistré qu’une hausse de 391 millions de gallons par an en 2024. Ce volume représente moins du tiers de la croissance observée en 2022 et 2023. Deux projets ont été finalisés, tous deux en Californie : la conversion de la raffinerie de Phillips 66 à Rodeo, portant sa capacité à 767 millions de gallons par an, et la mise en service de l’usine de Renewable Fuels LLC à Bakersfield, d’une capacité de 138 millions de gallons.
Ces ajouts ont été partiellement compensés par la fermeture ou l’arrêt du co-traitement dans quatre installations. Monroe Energy et Chevron ont cessé leurs activités respectives à Trainer, en Pennsylvanie, et El Segundo, en Californie. Vertex Energy et Jaxon Energy ont fermé leurs usines à Mobile, en Alabama, et à Jackson, dans le Mississippi.
Des arbitrages influencés par les marges et les crédits
La baisse de capacité liée à ces arrêts reflète l’évolution du contexte économique du secteur. En 2020 et 2021, la faiblesse des marges de raffinage et la montée des valeurs des crédits de biocarburants avaient suscité un afflux d’annonces de projets. Cependant, l’entrée en service progressive de ces installations a entraîné une surproduction, réduisant la valeur des crédits à partir de 2023. Simultanément, les marges de raffinage pétrolier ont rebondi, modifiant l’intérêt économique des investissements dans les biocarburants.
Le SAF, carburant alternatif au kérosène d’aviation, a occupé une place croissante en 2024 dans les arbitrages industriels. Le site de Phillips 66 à Rodeo est désormais capable de réaffecter environ 150 millions de gallons par an de sa production au SAF, tandis que Diamond Green Diesel peut rediriger jusqu’à 235 millions de gallons.
Le biodiesel recule, l’éthanol résiste
La filière biodiesel a connu un repli marqué avec la fermeture de huit sites, totalisant une perte de capacité d’environ 100 millions de gallons par an. Cette baisse est attribuée à une rentabilité insuffisante face à l’évolution des coûts et à la concurrence des autres carburants renouvelables.
À l’inverse, la production d’éthanol a progressé, atteignant près de 18,5 milliards de gallons par an. Cette hausse représente 73 % de la capacité totale de production de biocarburants du pays. Bien que la consommation nationale reste stable, cette capacité supplémentaire alimente principalement les exportations, profitant de la compétitivité des matières premières agricoles du Midwest.