L’opérateur croate JANAF envisage d’acquérir une part allant jusqu’à 25 % dans Naftna Industrija Srbije (NIS), actuellement détenue par des entités russes visées par les sanctions des États-Unis. Cette initiative s’inscrit dans une logique de préservation des intérêts énergétiques croates, selon les déclarations du ministre de l’Économie et du Développement durable, Ante Susnjar.
Le ministre a précisé que Zagreb n’avait pas encore engagé de pourparlers officiels ou informels avec la Russie au sujet de cette acquisition. Il a également reconnu ne pas savoir si la partie russe donnerait son accord à une éventuelle vente. Le gouvernement croate cherche ainsi à sécuriser les relations énergétiques régionales, tout en se conformant au nouveau cadre imposé par les sanctions.
Des sanctions américaines désormais effectives sur NIS
Le Département du Trésor des États-Unis a imposé en janvier des restrictions visant le groupe pétrolier russe Gazprom Neft, son directeur général Alexander Dyukov et la société serbe NIS. Bien que leur entrée en vigueur ait été repoussée à plusieurs reprises, elles s’appliquent depuis le 9 octobre. Ces sanctions affectent directement la structure actionnariale de NIS, dans laquelle Gazprom Neft détient 44,85 % du capital.
Le président serbe Aleksandar Vucic a réagi en déclarant qu’il ne tenait pas Moscou pour responsable, tout en appelant à une solution commune. La participation de la République de Serbie dans NIS s’élève à 29,87 %, tandis que Gazprom Capital en détient 11,3 %. Aucune réaction officielle de la Russie sur la possibilité d’un désengagement n’a été publiée à ce jour.
JANAF au cœur de l’approvisionnement énergétique régional
JANAF exploite l’oléoduc adriatique reliant le port croate d’Omisalj, sur l’île de Krk, aux réseaux énergétiques de plusieurs pays d’Europe centrale et du Sud-Est, dont la Serbie. Selon le Premier ministre croate Andrej Plenkovic, cet oléoduc assure jusqu’à 95 % des importations pétrolières serbes. Cette infrastructure revêt donc un caractère stratégique pour l’ensemble de la région.
Le chef du gouvernement croate a exprimé son espoir de voir une modification de la structure actionnariale de NIS afin de permettre à la société de sortir du champ des sanctions américaines. Cette évolution ouvrirait également la voie à une poursuite de la coopération énergétique entre Zagreb et Belgrade, notamment via JANAF. Les installations de NIS sont réparties en Serbie, en Bosnie-Herzégovine, en Bulgarie, en Roumanie et en Hongrie.