Le Premier ministre croate, Andrej Plenkovic, s’est exprimé le 28 mars dernier. Il a déclaré vouloir améliorer la capacité d’importation du terminal de l’île de Krk. Par ailleurs, la Slovénie est également intéressée par l’importation de GNL via cette installation.
Le terminal d’importation de l’île de Krk
Depuis sa mise en service début janvier 2021, le terminal a reçu un total de 25 cargaisons. Cela représente l’équivalent de 2,2 milliards de m3 d’équivalent gaz, selon les données de S&P Global Commodity Insights.
Parmi ces cargaisons, six ont été livrées depuis l’installation de Freeport, trois depuis Sabine Pass, trois depuis Corpus Christi et une depuis Cove Point, Cameron et Elba Island. Sur les 10 autres cargaisons livrées à ce jour, deux provenaient du Nigeria et du Qatar, et des cargaisons uniques ont été importées d’Égypte et de Trinidad. Les États-Unis ont été le principal fournisseur du terminal croate depuis le début de son exploitation, livrant 15 des 25 cargaisons à ce jour, selon les données de S&P Global.
Dans une déclaration gouvernementale du 28 mars, M. Plenkovic a indiqué la volonté de la Croatie d’accroître la capacité du terminal. Ils vont ainsi porter sa capacité à 2,9 Gm3/an. Des conseillers déclarent par ailleurs qu’elle pourrait être portée à un maximum de 3,5 Gm3/an. Le gouvernement croate a par ailleurs accordé une subvention de 100 millions d’euros au projet.
Un projet en faveur de la coopération Croatie/Slovénie
Avant de s’exprimer au sujet du terminal le 28 mars, M. Plenkovic s’était entretenu avec son homologue slovène, Janez Jansa, et le gaz figurait en bonne place à l’ordre du jour. À ce propos, il déclare :
« Nous voulons renforcer la coopération énergétique entre la Croatie et la Slovénie Les ministres compétents se rencontreront la semaine prochaine concernant l’utilisation de la capacité du terminal GNL, que la Croatie a l’intention d’étendre ».
La Slovénie est en effet actuellement dépendante des importations de gaz russe pour répondre à la demande. Geoplin détient en effet un contrat d’importation à long terme courant jusqu’en 2022.
Plus encore, Gazprom, affilié à l’État russe, a vendu un total de 0,4 Gm3 de gaz à la Slovénie en 2020. Cependant, les chiffres de l’exercice 2021 ne sont pas encore disponibles pour confirmer cette dynamique.
M. Jansa a par ailleurs applaudi la décision de la Croatie concernant le terminal, qu’il qualifie « d’opportune » compte tenu du contexte. Il a également ajouté être intéressé par l’expansion des capacités du terminal « dès que possible ». Ce projet contribue ainsi à la création de liens politiques et économiques fort entre les deux pays, renforçant leur cohésion sur le plan énergétique.
Une aubaine pour l’Europe ?
La décision croate d’accroître les capacités du terminal d’importation de GNL de l’île de Krk est significative. En effet, dans le contexte de la guerre en Ukraine, elle va dans le sens de la volonté Européenne de se rapprocher d’une indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. Par ailleurs, Plenkovic déclare que cet aspect stratégique a pesé dans cette décision :
« Compte tenu des décisions stratégiques de l’UE sur un éloignement clair de la Russie en matière d’énergie, c’est une question sur laquelle nous devons travailler ».
L’Europe a en effet eu du mal à s’assurer des cargaisons de GNL pendant la majeure partie de 2021. Les prix plus élevés du GNL asiatique ont attiré les cargaisons loin du marché européen.
Cependant, les prix européens plus élevés ont vu l’offre de GNL en Europe augmenter considérablement vers la fin de 2021. Ce projet pourrait ainsi permettre de simplifier l’importation de GNL issue d’autres producteurs que la Russie, et permettrait en partie à la Slovénie et la Croatie de ne plus dépendre du gaz russe.
Par ailleurs, l’Union Européenne a clairement affiché son soutien à ce projet. En effet, la Commission européenne a annoncé un financement à hauteur de 101,4 millions d’euros. Il servira à soutenir les travaux nécessaires à l’extension des capacités du terminal.