Les acteurs de l’éolien offshore en France font face à une paralysie provoquée par l’instabilité politique du pays. Le ralentissement des appels d’offres, combiné à une incertitude réglementaire croissante, affecte directement les développeurs de projets et les fournisseurs de turbines. La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE3), feuille de route du gouvernement pour la période post-2026, n’a toujours pas été finalisée, bloquant les perspectives d’investissement.
Des retards qui compromettent les ambitions industrielles
À ce jour, la France dispose de seulement 3 gigawatts d’éolien offshore installés ou en cours de développement, loin derrière le Royaume-Uni et ses 16 GW déjà opérationnels. Le gouvernement avait annoncé vouloir quadrupler cette capacité, mais les appels d’offres prévus pour y parvenir ont pris plus d’un an de retard. En septembre, un projet de 1 GW sur la côte Ouest n’a attiré aucun soumissionnaire, en raison notamment de la complexité du site et d’un manque de visibilité sur les soutiens publics.
Traditionnellement, les lauréats des appels d’offres bénéficiaient d’un accompagnement financier de l’État. Cette disposition ne s’applique plus, rendant les projets moins attractifs dans un contexte de hausse des coûts et de concurrence internationale. Deux nouveaux appels d’offres représentant 12 GW sont toujours attendus. Initialement prévus pour fin 2024, ils ne devraient être attribués qu’à l’automne 2026.
Les industriels réduisent la voilure
Les retards ont déjà des répercussions concrètes sur l’emploi. Plusieurs entreprises du secteur ont commencé à réduire leurs effectifs. Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables, a confirmé des diminutions de personnel dans plusieurs sociétés actives dans l’éolien. Un cabinet de recrutement spécialisé a indiqué que quatre développeurs avaient engagé des plans de départs.
Le consortium mené par TotalEnergies, associé à RWE, avait remporté en septembre un projet de 1,5 GW. Pourtant, RWE a immédiatement annoncé son intention de se retirer, estimant que le projet offrait une valeur inférieure à d’autres opportunités à l’international. Le porte-parole de l’entreprise a précisé que cette décision était liée à la compétitivité réduite du site français.
Des fournisseurs en retrait face à l’incertitude
Les grands fabricants d’éoliennes opérant en France, dont Siemens Energy, GE Vernova et l’espagnol Haizea Wind Group, n’ont pas commenté l’impact de la crise sur leurs opérations locales. Le ministère de l’Économie, responsable de la politique énergétique, n’a pas répondu aux sollicitations.
Alors que la deuxième économie d’Europe dépend encore majoritairement du nucléaire pour sa production d’électricité, les lenteurs de la filière éolienne offshore suscitent des interrogations parmi les industriels et les investisseurs étrangers sur la fiabilité des engagements énergétiques de l’État.