La part des émissions mondiales couvertes par les taxes carbone et les systèmes d’échange de quotas d’émissions (Emissions Trading Systems, ETS) a atteint 28 % en 2024, contre 24 % l’année précédente, selon le rapport annuel State and Trends of Carbon Pricing publié par la Banque mondiale.
Hausse significative des marchés de conformité
Cette augmentation provient principalement de l’extension du système chinois d’échange de quotas d’émissions aux secteurs industriels. Ainsi, des économies représentant près des deux tiers du PIB mondial et environ la moitié des émissions provenant des secteurs énergétique et industriel sont désormais soumises à une tarification du carbone. En revanche, certains secteurs, comme l’agriculture, demeurent à l’écart de ces mécanismes.
Les recettes générées par ces instruments de tarification carbone, incluant les taxes et les ETS, ont cependant diminué, atteignant 102 milliards de dollars en 2024, contre 104 milliards de dollars l’année précédente. Cette baisse s’explique principalement par la réduction des prix des quotas dans des systèmes majeurs comme ceux de l’Union européenne et du Royaume-Uni.
Évolutions notables des politiques nationales
La Banque mondiale souligne que plus de la moitié des revenus issus de la tarification du carbone est destinée aux projets d’infrastructures et de développement, en légère hausse par rapport aux années précédentes. À l’échelle mondiale, 80 mécanismes différents étaient en vigueur en 2024, soit cinq de plus qu’en 2023.
Parmi les nouvelles mesures mises en œuvre récemment, le rapport cite notamment les nouveaux impôts carbone instaurés en Israël et dans certains États mexicains, ainsi que la mise en place de nouveaux systèmes ETS dans plusieurs juridictions locales américaines. À l’inverse, certaines juridictions, notamment le Canada, ont supprimé leur taxe carbone fédérale sur les carburants.
Augmentation marquée des retraits de crédits carbone
Les retraits de crédits carbone pour conformité ont triplé en 2024 par rapport à 2023, atteignant 24 % du total contre seulement 9 % l’année précédente. Cette hausse est principalement liée aux obligations de conformité pluriannuelles des entreprises dans les marchés californien et québécois.
À l’opposé, les retraits volontaires ont représenté 76 % du total en 2024, en baisse par rapport à 91 % l’année précédente. La demande volontaire se concentre désormais davantage sur les projets de captation carbone basés sur la nature ainsi que sur les initiatives d’amélioration des méthodes de cuisson propres.
Stabilité de l’offre globale de crédits
L’offre mondiale de crédits carbone a légèrement diminué, mais le stock de crédits non utilisés issus de mécanismes indépendants a augmenté, atteignant près d’un milliard de tonnes métriques. Une part importante de ces crédits provient de projets de foresterie, d’utilisation des terres ou d’énergie renouvelable, et concerne principalement des crédits émis avant 2022.
Enfin, le rapport met en évidence une corrélation croissante entre les prix des crédits carbone et leurs notations attribuées par les agences spécialisées. Les crédits destinés aux marchés internationaux de conformité restent généralement mieux valorisés que ceux destinés aux marchés volontaires, notamment dans le cadre des projets de captation carbone par des méthodes naturelles.