Pour la première fois depuis le début des relevés, la part des combustibles fossiles dans la production électrique de la Corée du Sud est tombée sous le seuil de 50 %, selon les dernières données du centre de réflexion spécialisé Ember. En avril 2025, les combustibles fossiles ont fourni 49,5 % de l’électricité nationale, soit 21,8 térawattheures (TWh), marquant ainsi un recul par rapport au précédent record établi en mai 2024, à 50,4 % (22,6 TWh). Ce recul notable s’explique principalement par une baisse de la production d’électricité au charbon, tombée à un niveau historiquement bas de 18,5 % du total électrique (8,2 TWh). Le charbon représentait auparavant une part significativement plus élevée du mix électrique sud-coréen, culminant à 30 % sur l’ensemble de l’année 2024.
Baisse importante de la production issue du charbon
Le recul de la production issue du charbon est particulièrement marqué en comparaison annuelle : la production charbonnière d’avril 2025 est inférieure de 36 % à celle d’avril 2021. Cette baisse a directement influé sur les émissions du secteur électrique, estimées à 6,7 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO₂) en avril 2025, une réduction de 37 % par rapport aux niveaux enregistrés quatre ans auparavant. Toutefois, la Corée du Sud demeure au-dessus de la moyenne mondiale avec cinq tonnes de CO₂ par habitant générées par le secteur électrique en 2024, soit presque trois fois la moyenne mondiale, selon Ember. La demande nationale d’électricité, quant à elle, est restée relativement stable à 44 TWh en avril 2025, une légère augmentation de 1,4 % par rapport aux 43,4 TWh d’avril 2024.
Développement accéléré du solaire et regain du nucléaire
La diminution des combustibles fossiles dans le mix électrique sud-coréen intervient parallèlement à la progression significative du solaire photovoltaïque. En avril 2025, la production d’électricité solaire a atteint un record de 9,2 % (4 TWh) du mix électrique national, en augmentation par rapport au précédent record de 8,7 % établi en mai 2024. Cette hausse s’appuie sur une accélération récente des nouvelles installations photovoltaïques : entre janvier et mai 2025, 1,56 gigawatt (GW) ont été installés, soit 61 % de plus que sur la même période en 2024 (0,97 GW). Cette dynamique rompt avec deux années précédentes de ralentissement dans les ajouts de capacités photovoltaïques.
Dans le même temps, la production d’électricité nucléaire affiche une hausse substantielle, représentant 36,2 % (15,9 TWh) du mix électrique en avril 2025, en augmentation comparée aux 33,6 % (14,6 TWh) d’avril 2024 et 31,1 % (13,6 TWh) d’avril 2023. Cette progression accentue mécaniquement la pression à la baisse sur les sources fossiles dans le secteur électrique.
Positionnement international et enjeux énergétiques futurs
Si le recul des énergies fossiles dans le mix électrique sud-coréen s’inscrit dans une tendance observée au niveau international, le pays accuse encore un retard relatif dans le déploiement à grande échelle de certaines technologies renouvelables, notamment éoliennes et de stockage par batteries. Solutions for Our Climate (SFOC), une organisation sud-coréenne spécialisée dans l’analyse des politiques énergétiques, souligne notamment la nécessité pour Séoul de renforcer ses capacités en énergies renouvelables afin de réduire davantage sa dépendance aux combustibles fossiles importés. La question centrale reste celle du rythme d’intégration de ces technologies renouvelables dans un système électrique historiquement dominé par les énergies fossiles.