Les importations sud-coréennes de brut en provenance des États-Unis ont bondi de 40,5 % par rapport à l’année précédente en février. Les raffineurs locaux visent à prendre autant de cargaisons en provenance des États-Unis que possible. Ils continuent ainsi de favoriser des barils américains compétitifs en période de flambée des prix de référence du pétrole.
Les États-Unis, partenaires privilégiés de la Corée du Sud
Les principaux raffineurs et sociétés pétrochimiques sud-coréens ont importé 12,21 millions de barils de brut américain le mois dernier. En comparaison, ce chiffre s’élevait à 8,69 millions de barils un an plus tôt. Ainsi, les opérateurs préfèrent maximiser la proportion de brut américain dans leur panier mensuel. Les qualités américaines légères sont beaucoup moins chères que le pétrole du Moyen-Orient.
De plus, les raffineurs de Corée du Sud ont un avantage certains sur leurs concurrents asiatiques. En effet, il existe un accord de libre-échange entre les États-Unis et la Corée du Sud. Il permet donc de favoriser grandement la coopération commerciale entre les deux États. À l’inverse, les producteurs du Moyen-Orient n’ont cessé d’augmenter leurs prix de vente officiels.
En janvier et février, les importations sud-coréennes de pétrole américain ont presque doublé pour atteindre 27,3 millions de barils. Sur la même période, il y a 1 an, elles étaient de 14,2 millions de barils.
Les États-Unis pourraient libérer leurs réserves stratégiques
En effet, les raffineurs de Corée du Sud sont particulièrement à l’affût d’une telle décision. Joe Biden envisagerait de libérer 1 million de barils par jour issus des réserves stratégiques du pays. Le volume total pourrait atteindre jusqu’à 180 millions de barils en fonction de la situation.
Les précédentes libérations de SPR par les États-Unis ont été minimes en termes d’impact sur le marché. Cependant, les volumes libérés étaient inférieurs aux achats quotidiens de cargaisons au comptant en Asie. Toutefois, une libération à grande échelle des réserves stratégiques des États-Unis ferait une grande différence sur le marché selon les analystes de la Korea Petroleum Association.
Les raffineurs sud-coréens se réjouiraient donc de la probabilité d’une telle mesure. Elle les encouragerait encore davantage à privilégier le pétrole importé des États-Unis.
Quid du brut russe et du Moyen-Orient ?
Les raffineurs sud-coréens ont continué à demander à l’OPEP+ d’augmenter l’offre d’au moins 800 000 b/j. Ils craignent que la pression inflationniste finisse par faire dérailler la croissance économique mondiale. Un négociant de brut chez Hanwha Total s’exprime à ce sujet :
« Les prix sont extrêmement élevés, mais les acheteurs asiatiques paient en plus des primes pour le brut du Moyen-Orient… Les producteurs de l’OPEP disposant de capacités inutilisées devraient augmenter considérablement leur production, car si l’économie mondiale souffre des prix élevés, ils en pâtiront également au bout du compte ».
Toutefois, nous savons que seuls l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis possèdent une capacité de réserve suffisamment importante. C’est pour cette raison que l’Asie souhaite qu’ils intensifient leurs efforts.
Par ailleurs, la Corée du Sud a reçu 25,33 millions de barils de brut de son principal fournisseur, l’Arabie saoudite, en février. Cela représente une hausse de 4,8 % par rapport à l’année dernière. À l’inverse, les importations de brut en provenance de Russie ont chuté de 30,4 % en glissement mensuel. Elles atteignent ainsi leur niveau le plus bas depuis 7 mois.
Les cargaisons de brut russe d’Extrême-Orient devraient continuer à arriver tout au long des mois d’avril et de mai. En effet, les cargaisons destinées à être chargées dans les mois à venir avaient déjà été achetées avant les sanctions occidentales contre Moscou. De plus, les raffineurs d’État indiens ont acheté du brut de l’Oural russe avec de fortes réductions. Les opérateurs asiatiques pourraient potentiellement être tentés d’en bénéficier également. Séoul n’a en effet pas encore interdit officiellement l’importation d’énergie en provenance de Russie.