La Commission européenne est prête à “examiner” un plafonnement des prix du gaz sur le marché européen pour faire face à la hausse des factures énergétiques provoquée par la guerre en Ukraine, a indiqué mercredi sa présidente, Ursula von der Leyen.
“Un tel plafonnement des prix du gaz doit être conçu correctement afin de garantir la sécurité de l’approvisionnement”, a toutefois ajouté la responsable allemande devant le Parlement européen à Strasbourg.
La Commission européenne avait déjà évoqué un plafonnement du prix mais uniquement pour le gaz russe, redoutant, comme l’Allemagne, qu’une limitation du prix de toutes les importations de gaz pousse les producteurs à préférer d’autres destinations.
Mais une majorité d’Etats membres –quinze, dont la France, la Belgique, l’Italie, l’Espagne et la Pologne– réclame un plafonnement général du prix de gros du gaz.
Mme von der Leyen a indiqué que la Commission était “prête à discuter d’un plafonnement du prix du gaz utilisé pour produire de l’électricité”, qui serait “une première étape vers une réforme structurelle du marché de l’électricité” européen.
Un tel “plafonnement temporaire”, qui devrait faire baisser les prix de l’électricité, “devrait être conçu de manière à ne pas faire augmenter la consommation” d’énergie, a précisé la cheffe de l’exécutif communautaire, dans une lettre envoyée mercredi aux dirigeants avant un sommet de l’UE vendredi à
Prague.
“Mais nous devons aussi examiner les prix du gaz (…) qui concernent l’industrie, le chauffage”, a aussi estimé Mme von der Leyen.
Dans son courrier, Ursula von der Leyen propose également “d’intensifier les négociations” avec des pays fournisseurs “fiables” comme la Norvège et les Etats-Unis pour faire baisser le prix des importations de gaz, ainsi que des achats communs de gaz par les pays de l’UE.
Dans un texte voté mercredi, les députés européens ont réclamé pour leur part à la Commission “un plafond tarifaire sur les importations de gaz” et “un embargo immédiat et complet sur les importations russes” d’énergie.
Devenue le principal fournisseur de gaz vers l’Europe depuis la réduction des livraisons russes dans le sillage de la guerre en Ukraine, la Norvège –qui n’est pas membre de l’UE– a répété mercredi son hostilité à un plafonnement du prix.
“Un plafonnement du prix sur le marché de gros du gaz ne résoudra pas la difficulté de l’Europe, à savoir un manque de gaz, mais empirera plutôt la situation puisqu’on peut s’attendre à ce qu’une telle solution contribue à une consommation accrue et des livraisons moindres”, a réagi le ministre norvégien de l’Energie, Terje Aasland.
“Personne ne peut utiliser plus de gaz et d’énergie qu’il n’y en a”, a-t-il fait valoir dans un courriel à l’AFP à Oslo.
L’Allemagne, qui était le pays le plus dépendant du gaz russe, a aussi jusqu’à présent rejeté l’idée.
Mais Berlin est sous pression depuis l’annonce la semaine dernière d’un plan national de 200 milliards d’euros pour protéger son économie contre la hausse des prix de l’énergie.
Accusant l’Allemagne de faire cavalier seul, certains pays redoutent un avantage aux entreprises allemandes par rapport à leurs concurrentes de pays n’ayant pas les moyens de financer un tel “bouclier”.
“Il est primordial que nous préservions des conditions de concurrence équitable au sein de l’Union européenne dans notre marché unique”, a souligné Mme von der Leyen, sans toutefois mentionner l’Allemagne. “Sans solution européenne, nous risquons la fragmentation”, a-t-elle averti.