La Commission européenne (CE) a annoncé le lancement d’une nouvelle feuille de route dédiée à la réduction des émissions de méthane dans le secteur des combustibles fossiles. Présentée lors de la COP29, tenue à Bakou, cette initiative s’inscrit dans une stratégie globale associant plusieurs pays, organisations internationales, ONG et banques de développement.
Une démarche collective pour réduire le méthane
Le méthane, gaz à effet de serre particulièrement puissant, représente environ 40 % des émissions de gaz à effet de serre issues des activités humaines dans le secteur de l’énergie. La feuille de route mise en place par l’Union européenne vise à établir des systèmes améliorés de suivi, de reporting et de vérification (MRV) tout au long des chaînes d’approvisionnement énergétiques mondiales.
Wopke Hoekstra, commissaire européen pour l’action climatique, a souligné l’importance de la coopération internationale pour faire face à ce défi environnemental. Il a affirmé que cette réduction non seulement « fait sens économiquement », mais qu’elle contribue également à renforcer la sécurité énergétique.
Des mesures concrètes pour les producteurs et consommateurs
Cette initiative arrive peu de temps après la ratification de la réglementation européenne sur le méthane en mai 2024. Ce texte impose aux États membres de constituer un inventaire des puits pétroliers et gaziers, tout en renforçant les inspections pour garantir la conformité des exploitants.
La feuille de route identifie plusieurs actions clés pour réduire les émissions, notamment des plans pour abattre les émissions des infrastructures existantes et encourager l’utilisation des technologies connues pour limiter ces rejets. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), des technologies déjà disponibles pourraient permettre d’éliminer jusqu’à 80 millions de tonnes de méthane par an à faible coût.
Un levier pour atteindre les objectifs climatiques globaux
Malgré les engagements internationaux, comme la Global Methane Pledge, visant une réduction de 30 % des émissions mondiales de méthane d’ici 2030, les experts estiment que les progrès actuels sont insuffisants. L’AIE, par l’intermédiaire de son Global Methane Tracker, prévoit que des réductions drastiques de 75 % seraient nécessaires dans le secteur des combustibles fossiles pour maintenir l’objectif de limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C, tel que stipulé dans l’accord de Paris.
De nombreux acteurs du secteur de l’énergie prennent des mesures pour atteindre ces objectifs. Lors de la COP28, 50 entreprises se sont engagées à réduire l’intensité de leurs émissions de méthane à 0,2 % dans la production pétrolière et gazière d’ici 2030 et à éliminer progressivement le torchage systématique.
Les implications économiques des efforts de réduction
Les marchés financiers commencent également à refléter ces évolutions. Les certificats de performance méthane (Methane Performance Certificates, MPC), représentant des volumes de gaz naturel à faible intensité de méthane, ont vu leur prix progresser à 0,035 $/MPC en novembre 2023 après une chute en août dernier.
Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, a salué cette feuille de route comme une première étape cruciale pour réduire l’intensité carbone des chaînes d’approvisionnement pétrolières et gazières, tout en favorisant des politiques basées sur des données transparentes.