La Commission européenne a annoncé l’ouverture d’une enquête approfondie concernant le rachat du groupe allemand Covestro par Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc). Cette opération, d’une valeur de 12 milliards d’euros (12,9 milliards USD), suscite des interrogations sur la conformité aux règles européennes de la concurrence et sur l’impact des soutiens financiers publics étrangers.
Enjeux concurrentiels et subventions étrangères
L’exécutif européen examine si des subventions accordées à Adnoc par les Émirats arabes unis ont permis au groupe pétrolier d’acquérir Covestro dans des conditions inaccessibles à d’autres investisseurs. Selon la Commission, la crainte est que cette opération ait bénéficié d’un avantage financier permettant à Adnoc de proposer une valorisation supérieure à ce que des acteurs privés non subventionnés auraient pu égaler. Le rachat proposé inclut un paiement de 62 euros par action Covestro et une reprise de la dette et des provisions de la société.
Covestro, ex-Bayer MaterialScience, est spécialisé dans le recyclage chimique et le développement de procédés de réutilisation du dioxyde de carbone (CO2). Le siège de l’entreprise est basé à Leverkusen, et le groupe est coté au principal indice boursier allemand. Depuis l’invasion russe de l’Ukraine en 2022, l’industrie chimique allemande est confrontée à une hausse significative des coûts énergétiques, mettant sous pression ses marges et ses capacités d’investissement.
Calendrier et perspectives de la fusion
La Commission européenne a fixé la date du 2 décembre pour rendre sa décision sur l’opération. L’acquisition de Covestro par Adnoc constitue la première prise de contrôle d’une société du Dax par une entreprise du Moyen-Orient. En décembre, Adnoc détenait déjà plus de 91% des actions du groupe allemand, avec l’objectif d’acquérir la totalité du capital dans le courant du second semestre 2025, sous réserve de l’approbation des différentes autorités de régulation compétentes.
L’Union européenne surveille de près les investissements étrangers impliquant des subventions d’État, dans un contexte de consolidation du secteur énergétique et de renforcement des contrôles sur les acquisitions stratégiques. Les prochains mois seront décisifs pour l’issue de cette opération et pour l’avenir de Covestro sur le marché européen de la chimie.
Les modalités de décision de la Commission européenne pourraient être déterminantes pour d’autres groupes industriels ciblés par des investisseurs publics internationaux.