Les derniers engagements de Pékin en matière de climat, ont déjà conduit à l’annulation de 15 projets de centrales électriques au charbon, financés à l’étranger par la Chine, mais certains chantiers « dans une zone grise » pourraient aboutir, anticipent des experts.
Les 15 projets annulés représentaient l’équivalent de 12,8 gigawatts (GW) d’électricité, selon une étude publiée vendredi par le Centre for Research on Energy and Clean Air (CREA), un institut de recherche basé en Finlande.
La Chine abrite de nombreuses usines. Ces dernières alimentent le monde entier en produits de consommation. De fait, le pays est, en valeur absolue, le plus émetteur mondial de gaz à effet de serre, qui contribuent au réchauffement climatique.
Le pays asiatique s’est engagé à atteindre d’ici à 2030 son pic d’émissions carbonées, puis d’ici 2060 la neutralité carbone – c’est-à-dire d’arriver à l’équilibre entre les émissions et l’absorption du carbone de l’atmosphère.
Ces engagements ne tiennent pas compte des investissements réalisés hors des frontières chinoises.
Or la Chine est également le principal bailleur de fonds publics pour les centrales au charbon à l’international. Elle prévoyait d’en construire 67 dans une dizaine de pays, lorsque le président Xi Jinping a annoncé en septembre dernier l’interdiction de financer de « nouveaux projets ».
Les annulations déjà effectives font suite soit au retrait d’entreprises chinoises, soit aux changements dans la politique environnementale des pays hôtes.
Le cas indonésien
L’agence chinoise de planification économique (NDRC) a publié en mars de nouvelles directives qui entendent verdir les projets réalisés dans le cadre des Nouvelles routes de la soie.
Xi Jinping a lancé cette initiative en 2013 afin de construire dans le monde entier des infrastructures portuaires, ferroviaires et terrestres pour stimuler l’économie chinoise et affermir la stature internationale de son pays.
Les nouvelles recommandations de la NDRC pourraient mettre un terme au financement de 32 projets de centrales à charbon à l’international, selon le rapport du CREA. 36 projets, en cours de construction, pourraient être « réexaminés ».
Toutefois, 18 projets de centrales, représentant 19,2 GW, se situent dans « une zone grise », pointe le rapport.
Dans le détail, 11,2 GW avaient « déjà obtenu des financements et des permis » et se poursuivent. Les autres 8 GW sont des centrales faisant partie de parcs industriels en Indonésie – et que Jakarta souhaiterait voir concrétisées.
La Chine investit des milliards d’euros en Indonésie pour exploiter le nickel et d’autres minéraux nécessaires à la construction de véhicules électriques, selon le Global Energy Monitor, qui répertorie les projets liés aux combustibles fossiles et aux renouvelables.
« Faille »
Ces projets indonésiens, réalisés dans le cadre des Nouvelles routes de la soie, constituent selon le CREA une « faille » dans l’engagement de Xi Jinping.
Des entreprises chinoises ont ainsi obtenu en 2022 l’accord pour la construction de « deux nouvelles centrales électriques au charbon » dans ces parcs industriels en Indonésie, souligne le CREA dans son rapport.
« Le gouvernement chinois ne semble pas considérer (ces centrales) comme ‘nouvelles’, car elles sont liées à des complexes d’exploitation de nickel et d’acier (…) qui, eux, avaient été approuvés avant l’interdiction », note l’étude.
Ces derniers mois, certains pays demandent à la Chine de construire des infrastructures fonctionnant au gaz, et non au charbon. C’est le cas du Vietnam et du Bengladesh.
L’impact meurtrier du changement climatique se fait déjà sentir dans le monde entier, avec des vagues de froid ou de chaleur extrêmes, ou encore des tempêtes plus intenses.
Selon les experts du climat, il est nécessaire de réduire les émissions de moitié d’ici 10 ans. Une telle réduction permettrait de limiter le réchauffement de la planète bien en dessous de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels.