La Chine face à la chute annoncée de la demande d’essence automobile

Alors que les véhicules électriques représentent désormais plus de la moitié des nouvelles immatriculations en Chine, la demande nationale d’essence montre des signes concrets de ralentissement, soulevant d’importantes questions stratégiques pour les raffineurs, selon l’Oxford Institute for Energy Studies.

Partager:

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25$/mois*

*facturé annuellement à 99 $ la première année, puis 149$/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

AUTRES ACCES

Abonnement mensuel

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2$/mois*
puis 14.90$ les mois suivant

COMPTE GRATUIT​

3 articles offerts par mois

GRATUIT

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 35 000 articles • +150 analyses/sem.

Pendant plus de deux décennies, la Chine a été le moteur incontestable de la croissance mondiale de la demande pétrolière. Sa forte expansion économique, conjuguée à une explosion du parc automobile et à l’augmentation significative des revenus moyens des ménages, a propulsé le pays au rang de premier importateur mondial de pétrole. Cette dynamique, principalement portée par la consommation croissante d’essence dans les véhicules particuliers, semblait vouée à une expansion durable. Pourtant, depuis 2020, les données publiées par l’Oxford Institute for Energy Studies (OIES) révèlent un changement structurel notable : la demande chinoise d’essence montre désormais des signes manifestes de stagnation, voire de recul, ouvrant la voie à un nouveau chapitre complexe pour l’industrie pétrolière nationale et internationale.

Une mutation rapide du marché automobile chinois

Selon l’OIES, le marché chinois des véhicules à nouvelles énergies (NEV, New Energy Vehicles), incluant les voitures électriques à batterie (BEV, Battery Electric Vehicles) et les hybrides rechargeables (PHEV, Plug-in Hybrid Electric Vehicles), a franchi en 2024 un cap symbolique. En effet, pour la première fois, les NEV ont représenté plus de 50 % des ventes mensuelles de voitures légères. Cette accélération spectaculaire constitue un virage crucial pour un pays où l’industrie automobile représente un pilier économique stratégique.

En détail, les données recueillies par l’OIES montrent que les ventes de véhicules purement électriques (BEV) et celles des véhicules hybrides rechargeables (PHEV) ont respectivement augmenté de 22,6 % et de 76,7 % en glissement annuel en 2024. Cette tendance forte vers les hybrides rechargeables, particulièrement populaires sur le segment des SUV, complexifie l’analyse de l’impact réel sur la consommation d’essence, puisque ces véhicules continuent à utiliser du carburant traditionnel en complément de l’électricité.

Cette dynamique complexe explique l’importance du débat sur la part effective d’usage électrique de ces véhicules. Selon l’OIES, la part d’utilisation électrique des hybrides rechargeables en Chine, également appelée « facteur d’utilité électrique », est estimée entre 49 et 64 %, ce qui laisse une marge significative d’incertitude quant au véritable impact à long terme sur la consommation d’essence.

La demande d’essence en repli : les raffineurs sous pression

Face à cette croissance rapide des véhicules électriques, les prévisions antérieures des grands raffineurs chinois doivent être revues à la baisse. En 2024, Sinopec, premier raffineur du pays, a officiellement estimé que le pic de consommation d’essence avait déjà été atteint en 2023, avec un niveau de 3,7 millions de barils par jour. Cette révision rapide, documentée par l’OIES, confirme les anticipations d’un retournement structurel sur le marché domestique, poussant l’ensemble du secteur à repenser ses stratégies.

De fait, le rapport de l’OIES indique que le secteur du raffinage chinois est désormais confronté à une pression croissante pour s’adapter rapidement. Alors que la capacité de raffinage nationale a largement augmenté ces dernières années, notamment sous l’effet de la libéralisation des importations de brut en 2015, une partie significative de cette capacité pourrait devenir excédentaire face à la chute prévisible de la demande intérieure d’essence. À moyen terme, les raffineries sont donc contraintes d’accélérer leur transition vers la production de produits pétrochimiques à plus forte valeur ajoutée, comme l’éthylène ou le propylène, plutôt que de maintenir une forte exposition au marché des carburants routiers.

Scénarios de déclin : une transition aux contours incertains

Le rapport de l’OIES explore plusieurs scénarios d’évolution de la demande d’essence en Chine jusqu’en 2040, soulignant des incertitudes persistantes quant à la vitesse et à l’ampleur de cette transition. Dans un scénario central, basé sur une hausse modérée mais régulière des ventes de NEV et une durée de vie moyenne des véhicules de 15 ans, l’institut prévoit que la demande chinoise d’essence pourrait diminuer à environ 3 millions de barils par jour dès 2030, contre environ 3,6 millions de barils par jour en 2024.

En revanche, dans un scénario plus conservateur évoqué par l’OIES, intégrant une pénétration plus lente des véhicules électriques et une durée de vie allongée des véhicules traditionnels jusqu’à 25 ans, la consommation d’essence resterait relativement stable, autour de 3,3 millions de barils par jour en 2035, limitant ainsi l’impact négatif immédiat sur l’industrie pétrolière.

Ces scénarios soulignent le degré élevé d’incertitude qui pèse sur les stratégies industrielles futures des grandes entreprises chinoises du secteur, mais également sur les marchés pétroliers mondiaux, où la Chine joue un rôle prépondérant.

La politique énergétique de la Chine : stabilité malgré les bouleversements

L’une des conclusions centrales du rapport de l’OIES réside dans l’importance durable du soutien politique aux véhicules électriques en Chine. Le gouvernement chinois considère le secteur des NEV non seulement comme un moyen de réduire sa dépendance pétrolière extérieure, mais surtout comme un levier économique stratégique permettant de moderniser son industrie manufacturière. À ce titre, les subventions, réduites progressivement, continuent malgré tout d’exister, sous différentes formes, pour soutenir le secteur.

Selon l’OIES, les autorités chinoises devraient maintenir leur appui politique fort au secteur des véhicules électriques au moins jusqu’en 2030. En conséquence, il est improbable que des variations majeures de prix sur les marchés pétroliers internationaux suffisent à ralentir significativement l’expansion des NEV en Chine.

Répercussions sur les marchés internationaux et le commerce pétrolier

La réduction prévisible de la demande chinoise d’essence automobile aura inévitablement des répercussions sur le commerce mondial de pétrole brut et de produits raffinés. L’OIES souligne notamment que si les raffineries chinoises accélèrent leur transition vers les produits pétrochimiques, cela pourrait engendrer un surplus accru de produits raffinés, potentiellement exportables. Mais dans le même temps, les autorités chinoises restent réticentes à accroître massivement leurs exportations de carburants raffinés, notamment en raison d’objectifs environnementaux internes.

En revanche, l’OIES note que si les exportations restent limitées, un surplus de capacité de raffinage pourrait mener à une réduction structurelle des importations chinoises de pétrole brut. Ce phénomène aurait alors un impact notable sur les pays exportateurs de pétrole, qui devront probablement chercher d’autres débouchés commerciaux pour compenser la baisse de la demande chinoise.

Un défi majeur pour l’industrie automobile mondiale

Enfin, selon l’OIES, l’accélération chinoise vers les véhicules électriques pose également un défi important pour l’industrie automobile mondiale, encore largement tournée vers les motorisations thermiques et hybrides. La compétitivité croissante des constructeurs chinois de véhicules électriques, soutenus par des coûts de production bas et un fort soutien politique, pourrait bouleverser durablement les équilibres concurrentiels à l’échelle internationale.

La question clé, soulevée par l’OIES, concerne notamment la capacité des constructeurs européens, japonais ou américains à s’adapter rapidement à cette transition. L’avance prise par la Chine dans les technologies électriques, notamment en matière de batteries et d’infrastructures de recharge ultra-rapides, pourrait ainsi renforcer à moyen terme la position du pays comme acteur incontournable sur le marché mondial des véhicules électriques, tout en limitant sa dépendance pétrolière extérieure.

L’OIES conclut ainsi son rapport en rappelant que, si le pic de consommation d’essence en Chine représente une rupture profonde, la rapidité et l’ampleur effectives de cette transition restent incertaines. La seule certitude, désormais, est que le secteur pétrolier chinois et international entre dans une période d’adaptation stratégique complexe, où anticipation et flexibilité seront plus nécessaires que jamais.

La BEI accorde un prêt de $250mn pour le premier train électrique du Costa Rica

La Banque européenne d’investissement débloque un financement inédit de $250mn pour soutenir la construction du premier système ferroviaire électrique au Costa Rica, en partenariat avec deux institutions financières régionales.

Ferrari ajuste ses ambitions électriques en dévoilant l’Elettrica

Ferrari a présenté le châssis de sa première voiture électrique, l’Elettrica, tout en révisant à la baisse ses objectifs d’électrification à horizon 2030, désormais centrés sur une répartition équilibrée entre thermique, hybride et électrique.

Les constructeurs européens plaident pour plus de flexibilité sur les objectifs CO2

Le principal lobby automobile européen demande un assouplissement des objectifs d’émissions pour 2030 et 2035, en misant sur les hybrides et les carburants neutres en carbone.
en_114081053540

DEWA conclut plusieurs partenariats pour déployer 308 nouvelles bornes de recharge rapide à Dubaï

L’autorité de l’électricité de Dubaï renforce son réseau de recharge pour véhicules électriques en signant trois contrats majeurs avec ENOC, Dubai Taxi et Parkin, dans le cadre de son programme EV Green Charger.

TotalEnergies et la Banque des Territoires lancent une plateforme pour équiper les collectivités

TotalEnergies et la Banque des Territoires créent une coentreprise pour accélérer le déploiement des infrastructures publiques de recharge électrique dans les communes françaises. L’initiative cible en priorité les zones urbaines et périurbaines.

Tesla prépare le lancement d’un nouveau modèle électrique le 7 octobre

Tesla a annoncé un événement prévu le 7 octobre, laissant entrevoir l’arrivée d’un nouveau véhicule plus abordable, dans un contexte de renouvellement limité de sa gamme et de concurrence croissante sur le segment des véhicules électriques.
en_114061055540

Dacia dévoile une citadine électrique à €15 000 pour contrer les marques chinoises

Dacia présente un prototype électrique ultra-compact à moins de €15 000, misant sur une simplification extrême pour concurrencer les véhicules électriques bon marché venus de Chine.

L’Allemagne réclame à l’Union européenne plus de flexibilité sur l’interdiction thermique de 2035

Berlin remet en question l’interdiction des ventes de voitures thermiques à partir de 2035, alors que les groupes automobiles allemands alertent sur les risques économiques et industriels pour le pays.

Stellantis juge irréaliste l’interdiction des moteurs thermiques en 2035

Le directeur général de Stellantis, Antonio Filosa, appelle à des ajustements sur l’échéance de 2035 pour préserver l’activité industrielle et accélérer la décarbonation à travers des mécanismes de flexibilité.
en_114070920264540

La Chine redéfinit sa stratégie véhicules électriques autour de l’innovation technologique

Face à la baisse des marges et à la surcapacité, Pékin restructure son industrie des véhicules électriques en misant sur la qualité, les normes et la montée en gamme technologique.

La Norvège teste un premier vol de fret commercial avec un avion 100 % électrique

Un avion électrique de fabrication américaine a réalisé un vol test entre Stavanger et Bergen, marquant une étape clé dans l’intégration du fret aérien sans émissions dans l’espace aérien norvégien.

Le sous-secrétaire à l’Énergie des Émirats visite Tellus Power à Hong Kong

La visite marque une nouvelle étape dans la coopération entre les Émirats arabes unis et Tellus Power, avec l’objectif d’implanter une unité de production de bornes de recharge pour véhicules électriques dans le Golfe.
en_11405092942540

Toyota investit €680mn pour produire son premier véhicule électrique en Europe

Toyota lance la production de son premier véhicule électrique en Europe dans son usine de Kolin, en République tchèque, soutenu par un investissement de €680mn, dont €64mn de financements publics.

Le Canada finance 480 nouvelles bornes de recharge pour véhicules électriques en Colombie-Britannique

Le gouvernement canadien investit CAD22,7mn ($16,7mn) dans huit projets pour renforcer le réseau de recharge de véhicules électriques en Colombie-Britannique.

L’Irlande lance sa feuille de route SAF, 318 kt visés en 2035

L’Irlande présente une feuille de route SAF structurant quatre axes, projetant 88 000 tonnes en 2030 et 318 000 tonnes en 2035, en cohérence avec ReFuelEU et les soutiens européens, tandis qu’Aer Lingus et Ryanair fixent des cibles d’usage.
en_1140250842540-2

Croissance mondiale des bornes de recharge : 206,6 millions prévues d’ici 2040

Les investissements dans l’infrastructure de recharge pour véhicules électriques devraient atteindre 300 milliards de dollars en 2040, portés par une hausse annuelle de 12,3 % du nombre de bornes à l’échelle mondiale.

TDK Ventures investit dans Ultraviolette pour accélérer la mobilité électrique en Inde

Le fonds de capital-risque du groupe japonais TDK soutient Ultraviolette, fabricant indien de motos électriques, afin d’accompagner sa montée en puissance sur un marché national estimé à plus de $50 milliards d’ici dix ans.

U Power sécurise un accord pour déployer 300 véhicules électriques à batteries interchangeables à Hong Kong

U Power annonce la signature d’une lettre d’intention pour la fourniture de 300 véhicules électriques compatibles avec l’échange de batteries, en partenariat avec un fabricant technologique basé à Hong Kong, marquant une étape majeure pour la mobilité commerciale intelligente.
en_114050826540-2

Ember : Une part minime des capacités éolienne et solaire suffirait à couvrir les besoins des véhicules électriques en Inde d’ici 2032

Selon Ember, seuls 3% des objectifs éolien et solaire pour 2032 en Inde suffiraient à couvrir l'intégralité des besoins de recharge des véhicules électriques, sous réserve de mesures appropriées pour la gestion du réseau et des infrastructures de recharge.

TotalEnergies leader de la recharge haute puissance sur autoroutes avec 1 800 bornes

TotalEnergies détient 23 % du marché des bornes de recharge haute puissance sur les autoroutes françaises, selon les données publiées par Gireve, avec plus de 1 800 points opérationnels sur 265 stations.

Toute l'actualité de l'énergie en continu

Abonnement annuel

8.25$/mois*

*facturé annuellement à 99 $ la première année, puis 149$/an

Accès illimité • Archives incluses • Facture pro

Abonnement mensuel​

Accès illimité • Archives incluses pendant 1 mois

5.2$/mois*
puis 14.90$ les mois suivant

*Les prix affichés sont entendus HT, TVA variable en fonction de votre localité ou de votre statut professionnel

Depuis 2021 : 30 000 articles • +150 analyses/sem.