La Chine doit continuer d’acheter du pétrole en provenance de Russie malgré la guerre en cours. Les acheteurs chinois espèrent profiter de coûts rentables auprès de leurs partenaires russes. Cette politique énergétique intervient dans un contexte global d’envolée des prix.
Chine et Russie, un partenariat pétrolier exacerbé par la guerre en Ukraine
Les relations pétrolières sino-russes continuent d’être importantes
La Russie est le deuxième fournisseur de brut de la Chine. Elle lui livre 1,6 million de b/j de brut en 2021, selon les données de l’Administration générale des douanes chinoises. Bien que le volume de brut en provenance de Russie chute de 4,6 % sur un an en 2021, sa part de marché augmente légèrement à 15,5 %, contre 15,4 % en 2020.
Les importations globales de pétrole brut de la Chine en 2021 chutent de 5,1 % sur l’année. Elles atteignent ainsi 10,3 millions de b/j. En outre, Platts Analytics s’attend à ce que la croissance des importations de brut de la Chine soit de 536 000 b/j supplémentaires sur l’année 2022.
La Chine entend soutenir sa demande interne de pétrole en profitant de prix attractifs de la part de la Russie
La guerre qui oppose la Russie à l’Ukraine trouble le transport maritime du pétrole brut. En conséquence, les acheteurs chinois de brut russe s’abstiennent temporairement de conclure des accords. Cependant, la Chine se propose d’acheter des cargaisons supplémentaires si d’autres acheteurs décident de réduire leurs commandes russes.
Grace Lee, analyste du pétrole chinois chez S&P Global Platts Analytics déclare : « Il y a peu de raisons pour que la Chine ne continue pas à acheter du brut russe, d’autant plus que les deux pays continuent de renforcer leur collaboration dans le domaine de l’énergie ».
Par ailleurs, la Chine espère tirer profit des sanctions contre la Russie en bénéficiant de prix attractifs pour le brut russe. Le prix du Brent, lui, augmente de façon continuelle depuis décembre 2021 pour atteindre $ 98 dollars aujourd’hui.
En ce sens, un négociant avec un géant pétrolier chinois déclare :
« La tension actuelle a fait grimper les prix du pétrole. Les acheteurs chinois prendront plus de barils russes si le producteur offre de bonnes remises ».
La Chine accroît son influence sur le pétrole russe
Un nouvel accord signé entre CNPC et Rosneft pour augmenter les volumes de pétrole russe importé en Chine
CNPC possède un accord d’importation de 40 millions de tonnes de pétrole brut depuis la Russie. 10 millions de tonnes/an transitent par le Kazakhstan via le pipeline Atasu-Alashankou. Ce transit a lieu dans le cadre d’un accord bilatéral. Les 30 millions de tonnes/an restants utilisent les pipelines Skovorodino-Mohe directement vers la Chine. Les deux sont presque à pleine capacité, selon des sources de raffinage.
Le 4 février dernier, CNPC et Rosneft signent un nouvel accord pour la fourniture de 100 millions de tonnes, soit environ 200 000 b/j. Cet accord est susceptible d’être une prolongation du contrat actuel via les mêmes pipelines, lequel doit expirer en 2023. Ainsi, Il doit permettre à la Chine de soutenir les exigences de sa demande interne en pétrole.
Les sanctions économiques de l’Occident augmentent la contribution chinoise en Russie
Les États-Unis n’imposent pas de sanctions directes sur les exportations énergétiques russes. Toutefois, les responsables des matières premières des principaux raffineurs sud-coréens, japonais et indiens émettent leurs réserves. Ils expliquent en effet que l’augmentation des obstacles juridiques, financiers, et administratifs empêche de facto de commercer avec la Russie. A contrario, la Chine y voit une opportunité pour sa demande.
Un analyste de S&P Global Platts Analytics avance que :
« Les approvisionnements du marché maritime sont plus susceptibles d’augmenter si la Corée du Sud et le Japon ne sont pas disposés à se faire concurrence ».
Un tel rétrécissement de la demande extrême-orientale profite aux acheteurs chinois. En effet, ceux-ci espèrent bénéficier de prix avantageux sur le pétrole russe. Enfin, l’isolement économique de la Russie et le coût de la guerre accroissent sa dépendance aux clients chinois.
La Chine tempère son soutien diplomatique à la Russie dans la guerre qui l’oppose à l’Ukraine, et appelle à la négociation. Néanmoins, elle refuse de rejoindre les États-Unis et l’Europe dans un régime de sanctions internationales contre son partenaire russe, et continue de commercer avec lui.