Le gaz naturel liquéfié (GNL) joue un rôle stratégique dans la transition énergétique mondiale, en particulier pour des pays comme l’Inde, qui cherchent à diversifier leurs sources d’énergie tout en réduisant leur empreinte carbone. D’après Akshay Kumar Singh, Directeur Général de Petronet LNG Limited, la capacité mondiale de liquéfaction de gaz pourrait atteindre environ 700 millions de tonnes par an d’ici 2030, contre 483,1 millions de tonnes actuellement. Cette expansion répondrait à une demande accrue en GNL, une ressource perçue comme une alternative viable aux carburants liquides.
Le potentiel de croissance du GNL repose en grande partie sur sa compétitivité en matière de coûts par rapport aux carburants liquides. Selon Singh, bien que le GNL ne puisse rivaliser avec les coûts du charbon ou des énergies renouvelables, il pourrait s’avérer plus abordable que certains carburants liquides. En Inde, où plus de 80 % des carburants liquides sont importés, une substitution progressive de ces carburants par du gaz naturel semble envisageable, réduisant ainsi la dépendance du pays au pétrole brut.
Une transition soutenue par des investissements dans les infrastructures
L’Inde a alloué des sommes considérables pour renforcer ses infrastructures gazières, en prévoyant notamment la construction de nouveaux terminaux d’importation de GNL et l’extension du réseau de pipelines. Cette initiative vise à faciliter l’accès au gaz naturel pour les consommateurs et à optimiser son utilisation lorsque les prix sont compétitifs. Toutefois, le marché du gaz est marqué par une volatilité des prix qui peut rendre le GNL inabordable pour certains consommateurs, souligne Singh. Cette fluctuation, accentuée par des crises comme la pandémie de COVID-19, a poussé certains utilisateurs à revenir aux carburants liquides moins coûteux.
Singh a indiqué qu’avant la crise sanitaire, les importations indiennes de GNL atteignaient près de 26 millions de tonnes par an. Cependant, durant la pandémie, la demande a chuté pour atteindre environ 20 millions de tonnes, un phénomène dû au passage à des alternatives plus abordables, comme les carburants liquides.
Le GNL, un atout pour les objectifs climatiques de l’Inde
Le recours au GNL pourrait aussi contribuer aux objectifs climatiques de l’Inde, car il figure parmi les combustibles fossiles les moins polluants. Le pays, qui vise à atteindre la neutralité carbone d’ici 2070, considère le gaz naturel comme un pilier de sa stratégie de décarbonation. « Le gaz naturel restera vital pour au moins les trois ou quatre prochaines décennies », a déclaré Singh, soulignant que cette ressource offre une solution transitoire vers une économie moins carbonée.
Le gouvernement indien a fixé un objectif ambitieux de 500 gigawatts d’énergies renouvelables d’ici 2030, contre environ 200 gigawatts atteints à ce jour. Parallèlement, des initiatives visant à accroître la couverture forestière et à réduire les gaspillages énergétiques sont également en cours pour atteindre les objectifs de réduction des émissions du pays.
Vers une stabilité des prix pour soutenir la demande en GNL
Dans le contexte actuel de volatilité des prix de l’énergie, les autorités indiennes ont opté pour des contrats de GNL à long terme, visant ainsi à stabiliser les coûts et à garantir un approvisionnement fiable. Singh a cependant averti que malgré ces efforts, il est crucial de saisir les opportunités lorsque le marché est favorable, pour éviter de manquer des occasions d’approvisionnement en GNL à des prix avantageux.
L’Inde a réitéré ses engagements climatiques lors de la COP 28, s’engageant à réduire l’intensité carbone de son PIB de 45 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2005. Avec cette approche, le pays cherche à conjuguer ses besoins énergétiques croissants avec ses objectifs de développement durable, tout en exploitant les potentialités du GNL comme solution de transition.