Le Parlement bolivien a approuvé une loi autorisant l’importation temporaire de carburants par des opérateurs privés, dans un contexte de grave pénurie nationale. La mesure, valable pour une période de trois mois, vise à garantir l’approvisionnement en essence, gazole et gaz de pétrole liquéfié (GPL), alors que l’État n’est plus en mesure d’assurer une distribution régulière à travers la compagnie pétrolière publique Yacimientos Petrolíferos Fiscales Bolivianos (YPFB).
Jusqu’à présent, YPFB gérait l’ensemble des achats à l’international et distribuait les carburants sur le marché intérieur à des prix subventionnés. Cette politique, mise en œuvre depuis plusieurs années, a largement contribué à l’épuisement des réserves en dollars du pays, compromettant sa capacité à maintenir les importations nécessaires au fonctionnement de son économie.
Ouverture exceptionnelle à l’importation sous supervision étatique
Selon la Chambre des députés, la nouvelle législation autorise l’importation directe de carburants sans perception de droits de douane, tant pour les entreprises que pour les citoyens. Ces opérations resteront encadrées par l’État, qui supervisera l’introduction des produits sur le territoire. Les carburants importés seront vendus à prix de marché, dans l’attente d’un rétablissement complet de la capacité de distribution publique.
Le texte a été initié dans le cadre d’un mécanisme d’initiative citoyenne, soutenu par des organisations patronales et des entités civiles, soulignant une mobilisation croissante du secteur privé face à l’inefficacité du modèle centralisé. La décision intervient à quelques semaines de la fin du mandat du président Luis Arce, dont la gestion économique est marquée par une politique de subvention à grande échelle et une baisse significative des liquidités en devises.
Une crise économique persistante en toile de fond
La Bolivie traverse une situation macroéconomique dégradée, aggravée par les tensions sur l’approvisionnement énergétique. L’inflation annuelle a dépassé 23% en septembre, et les projections de la Banque mondiale indiquent une contraction de l’économie nationale jusqu’en 2027. Dans ce contexte, le secteur des transports, fortement dépendant du carburant subventionné, a été parmi les premiers à signaler des ruptures régulières de livraison.
Le président élu Rodrigo Paz, actuellement sénateur et représentant du centre droit, a annoncé son intention de réduire de moitié les subventions aux carburants. Ce programme représentait $2.177bn dans le budget 2025. Il a toutefois précisé que les opérateurs du transport public continueront de bénéficier d’un mécanisme de stabilisation des prix afin de maintenir leur activité.
Conséquences immédiates sur le marché et les infrastructures
Dans plusieurs régions du pays, les stations-service connaissent une affluence inhabituelle, avec des files d’attente qui s’étendent parfois sur plusieurs heures. Les ruptures de GPL sont particulièrement critiques dans les zones rurales, où il est souvent utilisé comme source principale d’énergie domestique. La nouvelle mesure vise donc également à éviter une paralysie logistique qui pourrait avoir des répercussions plus larges sur la chaîne d’approvisionnement nationale.