La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour 2023. Cette révision concerne particulièrement l’Ukraine, où les combats continuent de faire rage. L’institution prévoit désormais une croissance de 2,1% en 2023, contre 3% lors des précédentes projections en septembre. Pour l’ensemble de ses régions, l’activité devrait accélérer à 3,3% en 2024.
L’économie de la Berd a globalement accéléré de 2,4% l’année dernière, plus lentement qu’en 2021, en raison de l’invasion russe de l’Ukraine et de l’atténuation de la reprise post-covid. Les prix du gaz ont largement retombé à leur niveau d’avant la guerre en Ukraine, mais en termes réels, les niveaux des cours du gaz restent « comparables aux sommets des années 80 et six fois plus élevés qu’outre-Atlantique », souligne la Berd.
Des facteurs qui freinent la croissance
La Berd a également souligné que l’inflation très élevée érode les salaires réels et pèse sur la consommation. L’inflation a reculé à 16,5% dans la zone économique de la Berd en décembre, après un sommet à 17,5% en octobre. « Ce qui est nouveau » comparé à septembre est qu' »on ne voit pas de résolution rapide de la guerre, ce qui veut dire que les incertitudes persistent et nuisent à l’investissement », a déclaré Beata Javorcik, cheffe économiste de la Berd, interrogée par l’AFP.
La prévision de croissance en Ukraine a été fortement revue à la baisse, à 1% pour cette année, contre 8% lors des précédentes prévisions publiées en septembre. Outre la durée du conflit qui s’éternise, le fait que l’armée russe « bombarde les infrastructures civiles » ukrainiennes a largement pesé dans la révision des prévisions.
Tremblement de terre en Turquie
En Turquie, qui a été frappée par un tremblement de terre dévastateur la semaine dernière, la croissance avait déjà ralenti considérablement en 2022. La Berd prévoit qu’elle reculera encore à 3% en 2023 et 2024, en raison de besoins de financements externes plus importants et de l’incertitude politique liée aux élections. Elle précise que ces prévisions ont été bâties avant le tremblement de terre qui a ravagé le sud-est du pays et le nord de la Syrie. L’impact de la catastrophe sur l’activité économique cette année « devrait être limité à 1% du PIB, car le boom des efforts de reconstruction fin 2023 devrait partiellement compenser les dégâts » sur les infrastructures, explique l’institution, qui s’appuie sur l’historique du séisme dévastateur de 1999.