L’année prochaine, les marchés mondiaux du pétrole devraient connaître un déséquilibre majeur entre l’offre et la demande, selon le dernier rapport de la Banque mondiale. L’organisation basée à Washington indique que la production mondiale de pétrole devrait surpasser la demande d’environ 1,2 million de barils par jour en moyenne en 2025. Un tel surplus, observé seulement deux fois auparavant – en 1998 et 2020 – pourrait faire baisser les prix des matières premières à leur niveau le plus bas depuis cinq ans.
La Chine et le changement de paradigme énergétique
Une des causes principales de cette surabondance de pétrole est un « changement majeur » en cours en Chine. Le rapport souligne une stagnation de la demande de pétrole dans le pays, résultant d’une transition rapide vers les véhicules électriques et d’une demande accrue pour des camions fonctionnant au gaz naturel liquéfié (GNL). Par ailleurs, le ralentissement de la production industrielle en Chine contribue à la baisse de la demande en pétrole brut, ce qui pourrait renforcer l’excès d’offre mondiale.
L’effet limité des tensions géopolitiques
La Banque mondiale estime que ce surplus mondial est si significatif qu’il devrait limiter les répercussions sur les prix du pétrole, malgré un éventuel élargissement des tensions au Moyen-Orient. La situation géopolitique dans cette région, habituellement un facteur d’inflation pour les prix énergétiques, devrait ainsi être contrebalancée par cette abondance de l’offre mondiale, affaiblissant ses effets sur les marchés mondiaux.
Les producteurs hors OPEP intensifient leurs activités
Un autre élément clé amplifiant cette offre excédentaire est l’augmentation de la production de pétrole dans plusieurs pays non membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Ces États, stimulés par la baisse des coûts d’exploitation et des politiques favorables à l’extraction pétrolière, contribuent au déséquilibre anticipé sur le marché mondial. Cette intensification de l’offre pourrait mener à une chute de 10 % des prix des matières premières d’ici à 2026, selon les estimations de la Banque mondiale.
Une dynamique complexe pour les prix alimentaires
Parallèlement à cette baisse attendue des prix énergétiques, la Banque mondiale prévoit une diminution de 9 % des prix alimentaires cette année, suivie d’une baisse supplémentaire de 4 % en 2025. Toutefois, malgré ces prévisions optimistes, le niveau des prix alimentaires devrait demeurer 25 % supérieur à celui des cinq années précédant la pandémie de Covid-19. Les pays en développement, où l’inflation alimentaire est deux fois plus élevée que dans les économies avancées, continueront de faire face à des prix alimentaires élevés.
Perspectives économiques mondiales
Dans son rapport, la Banque mondiale souligne que cette baisse des prix des matières premières pourrait agir comme un stabilisateur face aux chocs géopolitiques potentiels. Néanmoins, cet effet de stabilisation n’apportera qu’un soulagement limité aux économies en développement, confrontées à une inflation alimentaire persistante. D’un point de vue global, la diminution des prix de l’énergie et des denrées alimentaires pourrait offrir des perspectives favorables pour la reprise économique dans les économies avancées, tout en posant de nouveaux défis pour les pays à faibles revenus.