La Banque mondiale a injecté 14,8 milliards de dollars dans des projets liés à l’énergie fossile depuis l’adoption de l’Accord de Paris sur le climat, selon un rapport d’une coalition d’ONG environnementales publié jeudi.
L’institution financière internationale a promis en 2018 de cesser de financer l’extraction pétrolière et gazière, souligne cette analyse compilée par la coalition The Big Shift Global. Mais si ces financements directs ont baissé, la mesure n’incluait pas les financements indirects via des intermédiaires, par exemple des banques privées, note-t-elle.
Le rapport est publié en pleine controverse autour de propos du président de la Banque Mondiale, David Malpass. Nommé par l’ancien président Donald Trump, M. Malpass est accusé d’avoir esquivé des questions lui demandant d’affirmer le rôle des énergies fossiles dans le réchauffement climatique.
“Chaque fois que la Banque mondiale investit dans un nouveau projet d’énergie fossile, cela contribue à la catastrophe climatique”, a déclaré Sophie Richmond de The Big Shift. “Rien ne peut justifier d’utiliser l’argent du contribuable pour exacerber la crise climatique.”
L’Accord de Paris de 2015 vise à limiter le réchauffement de la planète à moins de +2°C par rapport à l’ère préindustrielle, si possible +1,5°C.
Dans une déclaration à l’AFP, la Banque mondiale a dit “contester les conclusions du rapport”, qui fait “des suppositions inexactes sur les prêts” de l’institution.
“Sur l’année fiscale 2022, la Banque mondiale a versé un montant record de 31,7 milliards de dollars pour des investissements liés au climat” et afin d’”aider les communautés autour du monde à répondre à la crise climatique”, a-t-elle poursuivi.
Le plus gros projet soulevé par le rapport est le gazoduc transanatolien en Azerbaïdjan, aidé en 2018 à hauteur de 1,1 milliard de dollars. “Il sert à perpétuer l’utilisation de gaz en Europe”, note le rapport.
L’évaluation du projet par la Banque mondiale elle-même pointait “de potentiels impacts social et environnemental importants”, dont sur “la qualité de l’air, de l’eau (…) la biodiversité” et “la santé des populations”. Un feu vert a été donné au projet malgré tout.
Un autre projet mis en avant est la construction de deux centrales à charbon en Indonésie, appelées Java 9 et 10, pour lesquelles la Banque mondiale a fourni 65 millions de dollars de fonds indirects.
Le rapport critique également le fait que la Banque mondiale estime que le gaz naturel constitue un “pont” entre les énergies fossiles comme le charbon et les énergies renouvelables.