La Banque asiatique de développement (Asian Development Bank, ADB) a approuvé une révision de sa politique énergétique autorisant le financement de projets liés à l’énergie nucléaire dans les pays membres en développement. Cette décision marque un tournant stratégique pour l’institution multilatérale, qui soutient depuis 1966 les besoins en infrastructures de ses 69 membres, dont 50 issus de la région Asie-Pacifique.
Un partenariat structurant avec l’AIEA
Dans le cadre de cette nouvelle orientation, l’ADB a conclu un accord avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) visant à accompagner les pays souhaitant intégrer l’énergie nucléaire dans leur stratégie de développement énergétique. Ce partenariat prévoit un appui technique sur l’ensemble du cycle de vie nucléaire, y compris la planification énergétique, la gestion des combustibles et des déchets radioactifs, ainsi que l’encadrement des installations.
Le président de l’ADB, Masato Kanda, a déclaré que « le nucléaire constitue une option technologique importante pour les pays à la recherche d’une électricité de base fiable ». Selon l’institution, cette évolution vise à répondre à une demande énergétique en forte croissance tout en assurant des standards de gouvernance et de sûreté.
Une dynamique internationale renforcée
Cette décision intervient quelques mois après une annonce similaire de la Banque mondiale, accentuant la dynamique internationale de soutien au nucléaire dans les pays émergents. L’IAEA estime à 37 le nombre de pays dans le monde envisageant ou préparant l’intégration du nucléaire dans leur mix énergétique. L’accord signé avec l’ADB vise également à faciliter l’adoption de petits réacteurs modulaires dans certains États.
Le directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, a indiqué que les équipes des deux institutions commenceront à développer des initiatives concrètes dans les domaines du soutien technique, de la sécurité et de l’engagement des parties prenantes.
Extension de la politique énergétique à d’autres technologies
Outre le nucléaire, l’ADB a également élargi son champ d’action à la gestion des émissions de méthane et au financement de projets de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (Carbon Capture, Utilisation and Storage, CCUS), y compris ceux utilisant d’anciens puits pétroliers ou gaziers pour le stockage du dioxyde de carbone. En 2024, la banque avait déjà engagé 3,8 milliards $ dans des projets énergétiques sur l’ensemble de la région Asie-Pacifique.
Ces évolutions traduisent une volonté d’adapter les mécanismes de financement aux transformations du secteur énergétique mondial tout en permettant aux pays membres de disposer d’un éventail plus large de solutions pour répondre à leurs objectifs économiques et infrastructurels.